Coucou Maria!
Je me permets de mettre ci-dessous le CR de l'UTMB de mon amie Pascale Bouly, vous verrez que ce n'est pas de tout repos Notre tour du Mont Blanc 2006 nous avait donné l’envie de tenter la boucle d’une traite .
Les inscriptions étant closes fin décembre, 500 places seront ré attribuées par tirage au sort ( 300 pour les français et 200 pour les étrangers ), nous nous inscrivons donc par Internet et nous sommes sélectionnés tous les deux, super !! nous pouvons commencer à rêver.
Courant juin nous recevons notre road book , motivés nous décidons de faire une reconnaissance en trois jours…projet jamais réalisé et l’entraînement montagne de cette année aura été bien moins important que les autres étés : une semaine en juillet et une semaine du 11 au 16 août, c’est un peu léger par à rapport à l’entraînement que nous décrivent certains …tant pis, j’ai du foncier , cela devrait marcher si je n’ai pas de pépin physique …
Objectif entre 30 et 35 heures.
La semaine précédent la course je fais très attention à mon sommeil et je m’efforce de rester allonger au moins entre 10 et 11 heures par nuit ( conseil lu sur ultrafondu)
Mercredi 23 août : préparation des sacs, l’expérience de la Réunion m’aidera et je pense n’avoir rien oublié
- un sac pour Courmayeur : ravitaillement, une paire de chaussettes, short, tee-shirt manche courte, tee-shirt manche longue
- un sac pour Champex : une lampe frontale de rechange, un caleçon long, tee-shirt manche longue, ravitaillement, paire de chaussette
- mon sac de course :deux lampes ( obligatoires), piles de rechanges, ravitaillement, coupe vent + k way, mini polaire, caleçon long , couverture de survie, pansement , doliprane … poids du sac 3. 5 kgs sans l’eau
Vendredi 25 août dernier repas de pâtes à 11 h 30 départ à 13 heures , je suis tendue, à 14 heures mon ami Thierry de Décines et mon amie Danielle du Tour de l’ Ain m’appellent, ils ont leur dossard, il fait beau à Chamonix.
Je crains d’être un peu juste en délai de route et jubile ….en silence ….je suis de plus en plus tendue !
Arrivée à Chamonix à 15 heures, nous réussissons à nous garer sans trop de difficulté .
Le retrait des dossards se fait sans encombre, je suis dans les dernières à le retirer, plus de tee-shirt S ou M et plus d’élastique pour mon dossard ..aie .Au stand d’ultrafondu je récupère une ficelle et finalement un coureur blessé ne prenant pas le départ me cède généreusement son élastique ( technique très pratique pour se changer en cours de route)
16 heures dépôt des sacs pour Coumayeur et Champex , et tout à coup la tension tombe, direction le camping où jean jacques compte passer ses nuits, je me prépare tranquillement , je suis sereine.
17 heures 30 en route pour le site, je traîne sur la pelouse et me dirige sur la ligne de
départ à 18 h 30 .L e départ est noir de monde, je me trouve en queue de peloton, impossible de jouer des coudes.
« Tu comptes faire l’UTMB sur la point des pieds ? » me dit une voix chantante, c’est notre bout en train des Pyrénées rencontré en 2004 à la pasta party de Belvès et de nouveau cette année en 2006 , puis d’autres visages connus , le monde de l’ultra fond n’est pas très vaste et une chose qui m’a impressionné : des milliers de bâtons !
Les « pros » parlent au micro, un écran géant est installé je n’écoute pas, j’ai hâte de partir, après de nombreuses hésitations j’ai remis un caleçon long et un tee-shirt manches longues, il fait chaud ..18 H 55 le portable sonne dans mon sac , tant pis je ne réponds pas , une musique de VANGELIS, l’hélicoptère , une foule en liesse et le départ est donné….impossible de courir au départ …( je dois prendre mon mal en patience !!) la foule est impressionnante et je ne verrai pas Jean jacques au départ.
Dès le premier sentier qui nous conduit aux Houches j’essaye de me faufiler et de courir pour doubler, la température est douce , je suis trop habillée , j’ai chaud.. je double quelques visages connus dont notre hôte du refuge du Bonhomme
LES HOUCHES 8 Km :
« Pascale », mais oui c’est bien moi qu’on appelle,c’est GIANNI en vacances aux Houches et qui regarde passer les coureurs, même en début de course c’est réconfortant.
J’en profite pour enlever mon Tee-shirt manche longues
Les Houches que de souvenirs ..la fontaine le jus d’orange SUNNY de Pierre pour la montée du Col du Voza en 2005, l’orage menaçant en 2006 , le téléphérique et nos fous rires , la fondue du PRARION .. mais il faut attaquer le col ! ( 650+ en guise d’apéro)
Je décide de forcer un peu , il y a encore beaucoup trop de monde ,je me sens prisonnière au milieu d’une foule munie de bâtons , j’ai la sensation qu’ils vont tous m’attaquer , leur bruit est impressionnant, les coureurs sans comme moi sont extrêmement rare…le coucher de soleil sur l’Aiguille du Midi est magnifique .
Je double SANDRINE BERANGER première à la Réunion en 2005, KATELLE CORNE 4ème en 2005 , sympathiques elles m’encouragent , Alexandra Rousset première en 2004 est toujours aussi peu gracieuse , ne répondra pas à mon salut (excuser moi pour cette médisance ) mais je n’apprécie pas que l’on se prenne trop au sérieux.
COL DU VOZA 13 km
Altitude 1653 m Cumul positif : 867 m négatif 249 M et 1H 41 de course
La nuit commence à tomber 7 km nous sépare des Contamines et ce n’est pas que de la descente !! J’ avais prévu 2 heures 30 pour arriver aux Contamines mais ce n’est qu’au bout de 3 heures de course que j’entre dans les CONTAMINES , c’est noir de monde, des milliers d’applaudissements, de la musique , c’est un moment magique : je vole , je suis heureuse , toute cette foule pour nous !!je souhaiterai que cela dure toujours !!
LES CONTAMINES 25 Km
Altitude 1150m Cumul positif : 1205 m négatif 1090 m et 3 H 01de course
Je m’arrête au ravitaillement Jean Jacques est là et m’informe de tous les appels d’encouragements qu’il a reçu, je suis en pleine forme et ne m’attarde pas, le col du Bonhomme m’attend .Tout au long du sentier Montjoie des supporters sont là , mes sensations sont bonnes , j’ai des souvenirs très précis de cet été.
Arrivée à Notre Dame de la Gorge tout illuminée et nous attaquons la montée , j’essaie d’améliorer mon anglais en conversant avec John et aie je me sens pas très bien , premier coup de pompe : mon dernier repas a été pris a 11 h 30 ce matin , je n’ai avalé que quelques pâtes de fruits , j’ai froid mes doigts sont gelés , je trébuche dans un fossé , j’ai du mal à me hisser , j’ai mal au cœur … léger blues .. et je me botte les fesses, c’est trop tôt pour se sentir mal !! j’avale vite un gel testé lors de notre GTA. L’effet est rapide et je reprends la pêche.
REFUGE DE LA BALME 33 Km
Altitude 1706m Cumul positif : 1778 m négatif 1107 m et 4 H 22 de course
Je bois juste un verre de coca et continue mon ascension , j’ai repris la forme et je connais ce col pour l’avoir déjà fait au moins quatre ou cinq fois , mais dans la nuit les repères sont différents , j’avance régulièrement et à bon rythme sans me mettre dans le rouge , les écarts ont commencé à se creuser .
En regardant devant moi, je vois un long cordon de lucioles et que dire en me retournant ! arrivée au col des gendarmes sont là et nous encouragent , ils ne doivent pas avoir chaud ! direction refuge de la croix du Bonhome , je ne vais pas aussi vite que cet été , je ne vois pas très bien
REFUGE DE LA CROX DU BONHOMME 38 km
Altitude 2 479 Cumul positif : 2551 m négatif 1153 m et 5 H 47 de course
Il n’y a pas grand monde aujourd’hui ! juste un contrôle et un gérant du refuge qui est là nous propose du vin chaud , j’hésite , il me fait très envie mais quelles vont être « les conséquences » ? ah ! et puis je me laisse tenter et finalement cela passe très bien et c’est même très bon ( AH VINDIEU !!)
Je peux donc attaquer la descente vers les Chapieux dans de bonnes conditions !
C’est la descente la plus technique du parcours, je reste prudente, ma lampe n’éclaire pas bien , s’est glissant .. tant pis demain je mettrai le turbo !!
J’ai été un peu présomptueuse , j’avais prévu entre minuit et 1 heure pour arriver aux Chapieux je pointe à 1H 38 accueillie par Mireille et Pierre Laurent
LES CHAPIEUX 44 Km
Altitude 1549 m Cumul positif : 2551 m négatif 2037 m et 6 H 37 de course
C’est avec plaisir que je retrouve Mireille et Pierre Laurent .
Une charmante personne masculine de l’organisation m’interpelle et me demande si je compte m’arrêter pour manger, j’ai effectivement un peu faim , il me propose un bol de soupe et me demande de contrôler mon sac ; cela ne me cause aucun problème car contrairement à certain coureurs que l’on constate curieusement allégés sur le parcours , je respecte toujours les règlements … je leur sors une à une toutes les affaires obligatoires mais aie , on me demande ma carte d’identité … sous l’influence de JJ , j’ai sorti ma carte d’identité de mon sac juste avant le départ !
Mais sachez le elle fait partie du matériel obligatoire … Bon eh bien alors quel est le verdict ??.. Ils sont sympa avec moi et m’informe que quelqu’un contrôlé juste avant moi ne l’avais pas….J’aperçois son nom .. Michel POLETTI organisateur de la course !!!! OUF !!!
Séance photos avec Mireille, il a beaucoup de monde à la base , j’égare ma deuxième lampe obligatoire, mais mon ange gardien du moment ( Mireille ) la retrouve sur une table de ravitaillement il est temps de repartir , je me suis arrêtée vingt minutes
Nous attaquons une route goudronnée en faux plat montant , en direction de la Ville des Glaciers, je ne sais pas si je dois courir ou marcher, je préfère rester prudente et me ménager et j’attaque une marche dynamique .
Je reconnais Patrick Raillère de St Bonnet je fais une partie de route ensemble avec lui et un autre jeune coureur jusqu ‘au milieu de la montée du Col de Seigne , leur rythme devient trop élevé et je n’arrive pas à forcer .
COL DE SEIGNE 54 Km
Altitude 2516 m Cumul positif : 3552 m négatif 2071 m et 8 H 53 de course
J’ai mis presque deux heures pour faire 10 km et 1000 m de dénivelé !
Descente vers le refuge Elizabetha , je trottine mais je suis moins vaillante qu’en 2005, j’aperçois là haut le refuge éclairé il est 4 h 30 du matin, le ravitaillement est juste un peu plus bas
Refuge ELIZABETHA 58,1 Km
Altitude 2035 m Cumul positif : 3552 m négatif 25521 m et 9 H 29 de course
Les bénévoles sont au petit soin pour nous , une jeune fille me tiens mes gants , ma lampe , j’ai décidé de prendre du doliprane , j’ai des violents maux de ventres et mes jambes sont bien molles , cette jeune fille est très douce ,m’adresse des encouragements et est pour moi un grand réconfort ! Je ne m’attarde pas , l’arête Mont Favre n’est pas très loin et cette nouvelle ascension m’inquiète.
Mon lei motiv « bouge toi la vieille » et j’attaque la montée très motivée , double un concurrent qui finalement restera avec moi, c’est un V2 de 58 ans, il me conte tous ses exploits ( que j’ai oublié ) de jeunesse et des grands athlètes qu’il a côtoyé.
La montée est courte mais raide et je la trouve difficile , ce compagnon de route que j’ai écouté et avec qui j’ai conversé m’ a aidé à surmonter cet effort
Toutes ces rencontres font également partie de la magie du tour du Mt Blanc
Arête Mont Favre 62, Km
Altitude 2435 m Cumul positif : 4017 m négatif 2617 m et 10 H 37 de course
Le jour n’est pas très loin et nous attaquons la descente vers le col Chécrouit , j’ai vraiment traîné je l’atteins à 6 H 19 plus de 40 minutes pour 4.5 Km !!! , j’avale un verre de coca rapidement , aujourd’hui je n’ai pas le temps de m’allonger et les japonais ne sont pas là…j’ai gardé un excellent souvenir de ce col en 2005 et je repars gonflée à bloc, Courmayeur n’est pas loin c’est ma première grosse étape.
Mes sensation sont bonnes,il y a peu de monde à l’entrée de la ville, c’est sûr cette année j’irai au bout ! Je n’ai aucune idée de mon classement ni du temps final que je pense mettre .
Courmayeur 72 Km
Altitude 1190 m Cumul positif : 4042 m négatif 3887 m et 11 H 53 de course
C’est un peu long pour récupérer mon sac, nous sommes quelques personnes dans ce cas , les italiens ne retrouvent pas nos sacs !!! Certains coureurs commencent à s’énerver … no panic ..enfin le mien est retrouvé au bout de 5 bonnes minutes
Je commence par me changer : chaussettes short , débardeur + tee shirt , la journée va être belle et chaude . Je me dirige ensuite vers le « restaurant » pour apprécier une assiette de pâtes .
Deux coureurs m’accueillent , ravis, ils ont retrouvé « leur muse » qui les a accompagné des Contamines à Notre Dame de la Gorge . Je vous avoue s’est bon pour l’ego ! Je mange avec eux , et décide d’écouter mon portable qui a pas mal bippé.
Des messages d’encouragements et un message de Jean Jacques qui passe une très mauvaise nuit sous la tente !il fait très froid et l’arrivée de SMS lui annonçant mes temps de passage l’empêche de dormir , il a décidé d’ éteindre son portable.
Je quitte Courmayeur à 7 h 30, Louis Flohic coureur de très bon niveau de la région lyonnaise arrive juste, il parait vraiment épuisé, j’ai réussi à joindre JJ , cela fait chaud au cœur , nous avons rendez vous en Suisse.
Je rencontre mon amie Danielle descendant d’un bus avec une attelle, l’aventure est finie pour elle , elle a chuté dans la descente des Chapieux verdict : fracture à la cheville , je suis triste pour elle et me rend compte de la chance que j’ai de pouvoir continuer et en bon état, j’ai un moral d’acier pour attaquer BERTONE !!
J’ai gardé un mauvais souvenir de BERTONE de l’an passé, je pars pourtant confiante et traverse Couramayeur en osant même trottiner légèrement, j’aperçois une féminine …, je me rapproche d’elle ….mais le bien être ne dure pas , la terrible montée commence et je ne me sens pas très bien , il fait moins chaud qu’ en 2005 , mais je n’ai pas de jus, pas de jambes , des coureurs me rattrapent , un jeune Breton m’emboîte le pas et me parle de sa famille , de ses enfants , de sa femme qui a osé se lancer sur COURAMAYEUR CHAMONIX et dont il est très fier ! Il me propose d’essayer ses bâtons mais l’essai est peu concluant ! Je me fais doubler de plus belle , ma féminine s’éloigne…j’ai d’énormes difficultés à avancer, j’atteins Bertone en 1 h 30 .
Bertone 76,9 Km
Altitude 1989 m Cumul positif : 4856 m négatif 3902 m et 13 H 54 de course
Il est 9 heures du matin, le temps est beau , un bénévole insiste pour me remplir ma gourde …. A ras bord , deux féminines arrivent , je suis fatiguée et lors venue me casse le moral ( eh oui toujours en trame de fond l’esprit de compétition !!)
Je me dépêche de repartir , mon sac est lourd , très lourd, mes douleurs au ventre sont de nouveau présentes , j’essaye de trottiner mais tous les prétextes sont bons pour m’arrêter !! que s’est démoralisant de se faire doubler par un puis deux puis trois …..Je m’efforce d’apprécier le cadre , le peloton s’est bien étiré et je suis souvent seule 7 , 5 Km jusqu’ BONATI ;;
BONATI 84 , 4 Km
Altitude 2020 m Cumul positif : 5241 m négatif 4256 et 15 h 18 de course
Lorsque j’arrive je n’ai aucune idée de l’heure, ni du lieu où je me trouve, je ne reconnais pas le refuge, j’ai l’impression d’y arriver par un autre chemin .
Je n’éprouve aucun plaisir, je sais juste que je dois avancer, avancer coûte que coûte, que mon mal aise va passer et que çà ira mieux plus tard…
Descente sur Anurva, ma lucidité revient , j’ai des souvenirs précis de l’an passé et je m’y crois , cela m’aide à continuer toujours
ANURVA 88, 7 Km
Altitude 1769 m Cumul positif : 5337 m négatif 4603 et 16 h 15 de course
Ravitaillement rapide en banane et eau et le Grand col Ferret m’ouvre les bras…
Il y a du monde : supporters, randonneurs ( j’arrive encore à les doubler) cela me rassure , nous sommes de fin de matinée il fait beau et chaud. Tout au début de l’ascension un supporter italien me prend la main et décide de m’aider à monter « il me traîne », me fait tout de même monter le cardio, je double des coureurs, il me fait rire et me donne du baume au cœur, mais toutes les bonnes choses ont une fin … et il m’abandonne le coureur qu’il doit encourager arrive dans un quart d’heure !
Me voilà seule avec ce foutu « Grand col Ferret » qui n’en fini pas ! je suis cassée , les coureurs autour de moi sont dans le même état, cela m’aide à accepter ma souffrance , certains s’arrêtent , je décide de continuer à avancer , très doucement à la limite de l’agonie .,
GRAND COL FERRET 93,3 Km
Altitude 2 537 m Cumul positif :6105 m négatif 4603 et 17 h 44 de course
Malgré la descente, ,je ne suis guère plus vaillante , j’arrive tout juste à trottiner, j’aperçois le refuge et je me souviens de la banderole que nous avions vu l’an passé 92 km me semble t-il lorsque je l’atteins je constate 97 km : quel soulagement !!!
Le chalet n’a pas changé … juste le ravitaillement en plus avec des bénévoles très sympathiques , je mange de la soupe , j’essaye le fromage , le saucisson , je prends mon temps .
J’ai retrouvé Patrick de St bonnet qui m’ avait devancé depuis le col de SEIGNE, il parait en bon état , il me prévient de la descente un peu casse patte qui nous mènera dans la vallée . Je termine la descente avec un réunionnais qui me jure qu’il ne reviendra pas , la course est trop difficile !! Le fromage et le saucisson ont été bénéfiques , les sensations reviennent et qui j’aperçois ?? oui s’est bien lui ! Jean Jacques est là, je ne m’attendais pas à le voir ici je suis heureuse et curieusement mon rythme augmente.
J’apprends qu’Eric est collé à son ordi ,ils s’appellent t régulièrement avec jj , j’en profite pour récupérer ma carte d’identité et je m’envole , je double une , puis deux , puis trois féminine dont la deuxième féminine de la réunion, puis de nouveau Patrick.
LA FOULY 102,2 Km
Altitude 1593 m Cumul positif :6116m négatif 5558 et 19 h 12 de course
Ravitaillement léger et je repars confiante , une partie roulante m’attend, mais hum hum il y a quelques bosses ou plûtot des faux plats montant et mon euphorie cesse petit à petit , je n’arrive plus à courir, mes maux de ventres reprennent , je m’arrête sans cesse pour uriner, je trouve le temps long , très long .
Ce n’est plus la course plaisir , je parcours ces 9 Km en 1 h 30
PRAZ DE FORT 110,5 Km
Altitude 1151 Cumul positif :6183 m négatif 6067 et 19 h 12 de course
Le village est toujours très paisible, je n’arrive pas à avaler ma soupe , je repars comme je le peux , m’efforçant à penser à autre chose que mon mal aise, je ne retrouve pas la maison avec les nains .Il me reste 6 km avant d’atteindre Champex et 326 m de dénivelé : 326 m de dénivelé d’enfer le passage le plus difficile pour moi durant cette course .
Impossible de mettre un pied devant l’autre , je suis vidée, je me fais doubler et redoubler , j’imagine Pierre Ferrand devant moi avec pour objectif le rattraper , mais sans résultat , je suis cuite , Jean jacques est venu à ma rencontre dans le sentier, malgré tous ses encouragements ,je ne peux pas accélérer .Mais quel réconfort de pouvoir lui donner la main et lui parler de mes souffrances !!!
CHAMPEX 117 Km
Altitude 1477 Cumul positif :6649 m négatif 6207 m et 21 h 55 de course
Contrairement à Courmayeur , les suisses sont très organisés , le numéro de dossard est annoncé et votre sac est là comme par enchantement.
La base d’accueil se situe sous une tente, pas de toilette, de nombreux coureurs entassés sur des bancs, autour des tables , le ravitaillement est chaud et copieux
Je me change en prévision de la nuit échange quelques mots avec IRINA MALJENCOK, elle quitte Champex aussitôt .
Patrick et Thierry mon ami de Décines me rejoignent. Thierry est découragé , il parle d’arrêter , nous réussissons à lui faire changer d’avis. Cependant je n’arrive pas à récupérer, ni à avaler mes pâtes , j’ai froid, je me sens incapable de repartir .
Je décide d’aller m’allonger vingt minutes , des lits sont installés dans un vieux fort souterrain, la pluie commence à tomber .
J’ai froid , très froid, je m’allonge sans dormir pas plus de vingt minutes et me « booste » pour repartir, cette pause a été bénéfique je me sens mieux, l’appétit est revenu , je me restaure avec un petit gâteau de riz, Thierry est toujours là , mon coup de pompe lui a remonté le moral et il me propose de quitter Champex ensemble .
L’ organisateur des Coursières du Lyonnais est là , il m’a reconnu et m’encourage ( cela me fait chaud au cœur !Il est 18 heures je quitte Champex une bière à la main
( qu’est ce qu’elle est bonne !). Nous partons tout d’abord tranquillement en marchant, j’ai repris une super forme ,je me sens même très bien, prête à avaler ses derniers kilomètres ( est ce le repos ou la bière ? ) Devant nous un coureur se détend , cigarette aux lèvres !.
Nous quittons la route goudronnée pour attaquer une route forestière assez roulante, je me mets à courir, Thierry ne peut pas me suivre , j’avoue , je l’abandonne..
Après un bref calcul , j’ai mis 6 h 30 pour les 44 premiers km, je devrais mettre 7h 30 pour les 41 qu’il me reste , j’ai la sensation d’être au mieux de ma forme ( sur toute ma course .
Cette dernière partie est inconnue pour moi, je n’ai plus de repères .Le jour commence à baisser et j’attaque la montée de Bovine sous une pluie battante par un chemin accidenté qui monte droit dans les alpages , pour laisser place aux rochers et aux dalles , avec torrents et cascades . Patrick m’avait prévenu , il faut faire cette portion de jour , il a raison et sous la pluie s’est très glissant
9 km et 510 m de dénivelé, je monte assez facilement seule dans toute la montée
BOVINE 126 Km
Altitude 1987 m Cumul positif : 7353 m négatif 6401 m et 25 h 32 de course
Le vent et la pluie redoublent à l’arrivée à Bovine. Nous ressentons une certaine tension au poste de pointage et de ravitaillement, les bénévoles nous demandent de faire vite , de ne pas traîner , une tente est installée en face , nous souhaitons aller nous y changer, mais nous n’y sommes pas autorisée . J’apprendrais plus tard que de nombreux coureurs sont sous cette tente en hypothermie et que les organisateurs ont failli stopper la course à ce moment là .
Une cabane fera l’affaire je m’habille un peu plus ( un tee shirt manche courte, un tee shirt manche longue , une polaire fine , un coupe vent , un bonnet , des gants et par-dessus mon sac un k way )
Le temps et épouvantable, un regroupement s’est effectué au col et la descente vers Trient se fait en groupe sous une pluie torrentielle, impossible de courir s’est trop glissant.
Je mène la marche ,personne ne souhaite passer devant , le groupe n’est pas bavard, j’essaie d’entamer la conversation , sans succès !!J’apprendrais tout de même que les lumières que l’on aperçoit c’est Martigny .
Je ne me rends pas compte de la distance qu’il me reste ,mais MARTIGNY me rappelle des foulées 2000 !
Juste avant Trient Jean Jacques est là, il m’annonce 10 minutes avant le pointage , je mettrai beaucoup plus de temps !Le sentier est impraticable ,je tiens à peine debout .
TRIENT 132 Km
Altitude 1300 m Cumul positif : 7427 m négatif 7162 m et 27 h 14 de course
La pluie a cessé, Irina parti une avant moi de Champex arrive juste derrière moi fagotée comme une extra terrestre dans sa couverture de survie , elle a été victime d’une hypothermie à Bovine , bravo à toi pour ton courage et ta bonne humeur
Thierry que je croyais loin derrière arrive aussi , il a des problèmes de lampes , jean jacques va lui chercher celle que j’ai laissé à Champex. Il fait chaud et par erreur, je me déshabille un peu, les bénévoles m’assurent que la pluie a cessée .
Je retrouve Patrick, il est frigorifié, il décide d’abandonner , dommage si près du but..
Thierry ne cesse de se plaindre, je ne suis pas d’humeur à l’écouter, il me resteque 26 km qu’est ce que c’est !! oui mais encore 1200 m de dénivelé , j’ai envie d’en finir le plus tôt possible et je repas au plus vite.
Trois Km et 632 m de dénivelé positif pour atteindre les Tseppes, j’ai pris un gel auparavant et je me sens rapidement très en forme , cette fois ci je double tous les coureurs qui se trouvent devant
Un grand feu réchauffe les bénévoles qui passent la nuit ici
Vallorcine se trouve à 8 km, j’entame la descente confiante, je suis seule, je me sens apaisée , tranquille seule dans la nuit ( je me prends à penser qu’en d’autres circonstances j’aurai peu) je peux courir, je pense pouvoir aller très vite , mais tout à coup le sentier devient marécageux et très glissant, je tombe deux ou trois fois .
Un jeune homme me rejoint et nous sommes deux à râler car nous ne pouvons pas dérouler .J’ai envie d’uriner très fréquemment , visiblement ce jeune concurent ne veut pas rester seul ,il m’attend !
Enfin une piste forestière , j’avale à nouveau un gel , je peux courir , j’ai l’impression d’aller vite , je suis bien , mon camarade s’accroche….
VALLORCINE 142,4 Km
Altitude 1260 m Cumul positif : 8215 m négatif 8211 m et 30 h 07 de course
Le ravitaillement est dans une salle , il fait chaud, je ne m’attarde pas , mais quel découragement lorsque JJ m’annonce que le col des Montets m’attend, je pensai en avoir terminé avec les côtes !
Cette nouvelle me coupe les jambes et la pluie s’est remise à tomber !
Col des montets 30 minutes indiquent les pancartes : je suis découragée , la pluie , le vent reprennent de plus belle, je le monterai en plus de 30 minutes ;
Au col sur le parking , jj est là dans le noir , j’en profite pour me rhabiller en essayant de mettre à l’abri dans la voiture, c’et le ciel qui est en train de nous tomber sur la tête !
Cet arrêt a été un peu long et mon compagnon de route a emboîté le pas à d’autres coureurs. Je dois repartir seule, le brouillard s’est levé, j’ai un peu peur de me perdre mais « j’ai la haine », oui la haine, la rage de finir, d’y arriver entière et le plus tôt possible
Trois kilomètres séparent le col des montets à Argentière, je double un coureur qui marche, l’arrive toujours à courir et à me repérer, mais ne cesse de m’arrêter pour uriner !! Allez, avance, tu y es presque !!
ARGENTIERE 148 ,8 Km
Altitude 1260 m Cumul positif : 8436 m négatif 8211 m et 31 h 38 de course
Il me reste 9 km à parcourir, les concurrents devant moi sont passés il y a dix bonne minutes m’annonce JJ qui m’accompagne durant la traversée d’Argentière .
Je bifurque à droite « 9 km et dans mon esprit 9 km = une heure puisque j’arrive toujours à courir pas trop mal et que je dois descendre sur Chamonix !!…
Mais tout à coup le chemin se remet à monter, le brouillard est très épais , j’apercois mal le balisage : je devrais descendre et je monte ?!L’angoisse me prend, de grosses sueurs, je m’arrête et en vient à ma conclusion suivante : j’ai suivi le balisage de début de course c'est-à-dire l’aller, quelle idiote si près du but ! Mais oui je me suis trompée j’hurle dans la nuit : J’EN AI MARRE !
Je me rends compte que je perds mon calme et essaie de réfléchir ! Le circuit s’est CHAMONIX LES HOUCHES , je ne suis pas passée à Argentière vendredi soir.
Cette réflexion me rassure et je reprends ma course, je suis dans un état second, ( je n’ai même pas penser à sortir ma carte !) les rochers au bord du sentier se transforment en sacs à dos abandonnés .
J’hallucine et le sentier ne cesse de monter, descendre, monter , descendre, balcon sud, etc, chamonix, je m’arrache, je mets dans le rouge, je veux passer la ligne d’arrivée , l’heure tourne.. Il me semble apercevoir au moin trois ou quatre coureurs avec des bandes fluos ( puis plus rien) ,encore ces foutues hallucinations
Les hallucinations sont normales au bout de la deuxième nuit blanche , certaosn coureurs ont même la chance et le pouvoir d’admirer des femmes nues dans la forêt !
Moi , je n’ai pas cette chance et cela m’agace , j’accélère encore et finalement oui, j’ai bien réussi à rattraper un groupe de 5 ou 6 coureurs, je reste avec les premiers qui peste sur cette fin de parcours , et établissent des suppositions sur l’endroit où nous déboucherons à Chamonix
J’ai ralenti en voulant rester avec eux, mon rythme est cassé, je ne sens plus mes jambes …je pense à l’arrivée , à Jean Jacques qui m’attend à l’arrivée sous la banderole, je pense que je vais pleurer…LA PLUIE EST TOUJOURS AUSSI VIOLENTE !
Enfin une descente, il paraît qu’on arrive , j’essaye de relancer mon corps à la course, mes jambes sont endolories , mes cuisses me font mal …très mal..
Des lumières .. Chamonix..à la sortie du sentier « pascale ma chérie » Jean Jacques est là sous la pluie il me prend en photo : tu n’as plus que 800 m !!
800 m de souffrance, je cours mais j’ai mal partout, ces 800 m ME SEMBLENT INTERMINABLES, les rues de Chamonix sont désertes, la pluie est battante ,il est tard, cette arrivée est bien triste.
C’est la dernière fois que je fais cette course, je l’ai fini , j’ai vu , mais je n’en peux plus , je gémis , à droite , à gauche, je ne reconnais rien je franchis la ligne d’arrivée en zombie 33 H 32 M 52 SE
Un tout petit abri est installé avec ravitaillement , j’ai gagné ma veste de FINISHER. Je reste assise 5 à 10 minutes sans encore très bien réaliser ce qui m’arrive , il est plus de 4 h 30 du matin.
Je réussis à me trainer en grelottant jusqu’au douches et nous nous allongeons pour quelques heures dans le dortoir .
Au matin le soleil est revenu, après un déjeuner plus que copieux nous retournons sur le parcours de l’arrivée, des coureurs arrivent encore nombreux, acclamés par de nombreux spectateurs , je suis envahie d’une grande émotion et n’arrive pas à retenir mes larmes…en voyant ce coureur entré dans Chamonix en pleurant. …
J’apprends que je suis 8 ème féminine , 3 v1 , j’ai quand même mon podium et j’en suis fière , mais …. Peux faire mieux….
Quelques statistiques sur le nombre de finisher selon Michel POLETTI
2003 10 % avec des conditions météos très difficiles
2004 30 % avec un excellente météo
2005 40 % avec une météo plutôt difficile à partir du samedi soir
2006 45 % avec des conditions météos très dures ( moins difficile qu’en 2003 mais plus dure que l’an dernier
Alors ferez vous parti des 50 % de 2007 ??
Inscription ouverte dès le 08/01/07 sur internet , justifier d’avoir terminé un trail de 80 km ou deux trail de 50 km
Sachez que vous passerez par des instants de plaisirs véritables à un véritable calvaire , mais quelle belle aventure sportive et humaine avec pour seul adversaire :
soi même
PASCALE