Bon, le récit de cette course ne va pas révolutionner le forum. Mais ça a l'air d'un bon exercice, peut être utile pour la prochaine épreuve, de raconter la manière dont ça c'est passé.
Sur la distance réelle, j'ai mis un bout de temps avant d'avoir quelques certitudes, car les organisateurs ne la donnent pas (mais ils inscrivent la course, dans les calendriers, comme un 10 km), et les témoignages des coureurs donnent entre 10,7 et 11,3, le journal local « plus de 11 km », et Openrunner 11,2 km. Les gagnants de ces dernières années mettent entre 34 mn 30 et 35 mn 30, donc ça a l'air cohérent.
Mais ce n'est pas encore pour cette fois que je pourrai évaluer mes progrès sur un 10 km plat (1 h pour ma première course en juin dernier, mais, pas du tout entrainé et ne sachant pas à quelle allure courir, j'avais fait ça comme un jogging rapide).
J'ai très peu joggé cet automne (une grosse crève tenace), aussi j'ai essayé de rattrapper le temps perdu ces trois dernières semaines, en faisant aussi un peu de résistance dure (ce n'est pas encore dans mes habitudes.. mais ça vient peu à peu).
Le départ et l'arrivée de la course ont lieu juste à côté de chez moi, c'est donc l'occasion ou jamais de m'échauffer correctement, en pouvant revenir déposer mon surplus d'habits.
Après quelques centaines de mètres, je comprend qu'il vaut mieux que je troque mon pantalon pour un short. J'ai pourtant été étonné que la grande majorité des coureurs aient gardé des collants... ils ont du souffrir.
Au moment de repartir de chez moi, à 25 minutes du départ de l'épreuve, j'essaye vainement de faire entrer la clef dans la serrure de la porte blindée... impossible. Pendant cinq minutes je suis désespéré de devoir abandonner si prêt du but, et puis je décide finalement de laisser la porte ouverte, avec plus ou moins mauvaise conscience (j'ai peur d'un piège de cambrioleurs). Le sport me sert à surmonter mes peurs...là c'est un bon exercice. Je me dit aussi que ça m'incitera peut-être à courir plus vite (pour rentrer plus vite).
Comme pour ma première course en juin, je suis fasciné par cette ambiance électrique dans le peloton attendant le départ.
Pour une fois, je me suis mis assez proche de l'avant (il y a 1000 personnes), car je me sent plein d'énergie. Ah, détail important, pour la première fois aussi je ne porte pas de cardio-fréquencemètre (et j'ai découvert que c'était beaucoup mieux comme ça).
Le départ est donné, c'est un peu la galère car les gens devant sont plus lents que ce que j'imaginai... impossible de passer et d'autres venant de l'arrière me bousculent, je ne trouve pas ça sympa.
Et puis au bout d'une centaine de mètres ça s'éclairci un peu, j'arrive à doubler. Alors que je les dépasse, un type dit à son collègue que les gens qui les doublent au départ, ils les doubleront plus tard... je me dit « cause toujours... tu n'en sais rien ». C'est un peu prétentieux, mais je suis très motivé, et même si je manque d'expérience, je me dis qu'il vaut quand même mieux essayer de tenir une bonne allure dès le départ. Partir trop vite est le danger, mais je me fie à mes sensations, et il faut bien risquer de se griller pour ne pas risquer de faire la course en deça de ses posssibilités (comme ça été le cas pour mon premier 10 km). J'aurai eu raison, car même si à certains moments j'ai trouvé mon rythme très dur à tenir, j'ai été très régulier tout au long des 11 km.
Mais pourtant, au bout de 500 m ça commence mal... je m'aperçoit qu'un de mes lacets est défait.
Aï aï aï, pour une fois que j'ose me mettre vers l'avant. Le temps de me mettre à l'écart, de refaire mon lacet (pourtant je pense toujours au double tour), des centaines de gens m'ont dépassé, et je sais que pour la plupart je ne les rattraperai pas.
Je m'efforce tout de même d'en redoubler un certain nombre, mais c'est un peu risqué. En arrivant au premier kilomètre (approximatif car repéré sur Openrunner), je remarque que je l'ai fait en 4 mn 38, c'est trop rapide pour mon niveau, je devrais m'en tenir à 5 mn au kilomètre. Mais tout au long du parcours, s'il me sera difficile de savoir exactement ou j'en suis, je remarquerai toujours une avance régulière sur ces 5 mn au kilomètre.
Pour ma première course, en juin, j'avais couru en ressentant du plaisir tout au long du parcours, avec seulement un peu de souffrance sur la fin. Pour les deux suivantes, j'avais souffert tout le long, en mettant ça sur le compte du dénivelé. Mais là c'est presque plat. Si j'allais moins vite (ou plus lentement, car pour beaucoup de coureurs je suis très lent) je ne souffrirai pas, mais je n'arrive pas à m'y résigner. Je suis à la limite de mon souffle tout le long, je m'accroche, il faut alors peut être que j'apprenne à supporter mentalement une certaine dose de souffrance.
Comme pour mes deux courses précédentes, j'aurai parcouru quelques kilomètres avec une personne sur le même rythme que moi, une grande fille habillée en noir. Ca donne un bon repère. Finalement elle m'aura laché dans la descente qui a suivi la dernière côte, très raide.
La première côte commence au cinquième kilomètre, j'entend un type qui dit « c'est là que commencent les choses sérieuses »... ça me fout un peu la trouille, mais je monte assez bien, en ralentissant à peine. Les bons coureurs arrivent à rattraper leur temps dans la descente, pas moi, car je suis alors épuisé et je m'en sert pour récupérer. C'est un comble, mais je crois que je cours plus lentement dans les descentes qui suivent directement une montée.
Les quelques spectateurs courageux se sont amassés justement dans les côtes. Dans la dernière (la plus raide), je trouve ça un peu génant car ce n'est pas l'endroit ou se présenter sous son meilleur jour. En plus, pour le (encore)débutant que je suis, ça pousse un peu au sur-régime, de peur d'avoir l'air trop bête. Mais finalement, je prend ça du bon côté, et me sert de ces regards pour me donner du courage.
Après la dernière côte, entre le huitième et le neuvième, il y a d'abord une partie plate, dans les ruelles étroites autour de la cathédrale, et ensuite une descente très raide. C'est par là que j'ai choppé encore un point de côté. Je ralentis un peu, et pense même à m'arrêter... les douleurs à cet endroit m'arrivent souvent, c'est un truc qu'il faudra que je travaille. Je pense alors au précieux conseil de Kleenex... expirer profondément dans la descente, car c'est toujours là que je me fait avoir.
Finalement ça mettra plus d'un kilomètre à passer, mais je ferai le dernier plus librement.
Un peu après le dizième, alors que la délivrance est proche, je remarque une spectatrice qui montre un groupe de coureurs qui arrivent par une autre rue. Elle les soupçonne de tricher, et c'est vrai qu'ils ont coupé à travers pour gagner un kilomètre et demi. Ca n'a pas échappé à un type qui me suis et qui ne les lachera pas jusqu'à l'arrivée en les traitant de tricheurs. Je ne sait pas trop quoi penser de ça. D'un côté je comprend la colère du type, il ne faut pas que des gens se permettent de pourrir la confiance et le bel esprit de ce genre de manifestations. D'un autre côté, je me dis que ces gens ont leur conscience pour eux, et c'est surtout sinistre pour eux, alors ils font bien comme ils veulent. Mais c'est quelque chose d'assez incompréhensible, et je me demande quel intêret ils peuvent avoir d'agir ainsi... surtout que si à la limite on peu comprendre ça pour les gens qui courent en tête et ont une certaine pression, pour ceux qui restent à l'arrière, chercher à gagner 5 mn, ça semble un peu ridicule. Mais le plus incompréhensible est qu'il le fassent en groupe.
Mais finalement la morale sera sauve, car ils ont décidé, l'ai assez penauds (faut dire que le protestataire les a bien allumé), de bifurquer juste avant l'arrivée.
Au moins, cette histoire étonnante m'aura permi de trouver moins longs les derniers hectomètres.
Voilà, l'arrivée, mon chrono me dit 53 mn 10, je suis assez content car j'espérais 55 mn.
(bon, merci à ceux qui ont lu jusqu'ici car ils sont bien courageux, c'est presque aussi long que si j'avais fait un 100 km)