[Trail de Mimet 2008] Caroline

Trail de Mimet (13) 42km 2600m+ le 4 Mai 2008

Je savais qu'elle allait être difficile cette course mais j'avais la caisse pour la passer, l'envie et puis est arrivé l'imprévisible, l'aléa qui pourrit l'existence.

Retour au départ. 8H 45, la sono hurle et résonne dans le petit village perché dans les collines. Doivent être contents les riverains pour la grasse matinée. Je retrouve Véro et trouve à papoter avec une autre coureuse qui part sur le 22 km.

Le départ, à la montée; Je cale mon rythme tant bien que mal dans les embouteillages du sentier. On monte, on descend sur une crête avec une vue sublime : la mer, Marseille, le fond de vallée légèrement embrumé, les petits villages provençaux, la Ste Victoire, le massif de la Ste Baume, dans une odeur de thym et de romarin en fleurs.

C'est déjà bien technique et on enchaîne dans un canyon puis remontée dans une pinède et là, paf le rocher rouge du trail du canton vert. Je papote avec un monsieur en montant et on se retrouve sur le tracé du mois de février, même montée, même point de ravito et passage encore sous le rocher rouge à la descente, flash de souvenirs.

Raidillon, descente technique, le parcours se corse progressivement et on arrive par un canyon à remonter en vue d'une maison perchée sur une colline. C'est sûr on va y passer mais pas par le chemin.

Ils ont ouvert à travers le maquis et la broussaille, un genre de sente droit fil de la pente, avec des restanques à grimper, des chênes verts à contourner et comble de bonheur un passage en balcon sur un muret, un passage entre deux rochers qui nous mènent vers cette maison , tout ceci entre une architecture de calcaire à faire pâlir un sculpteur.

Passage dans une grotte et les deux parcours se séparent. Descente technique dans un nouveau canyon et là les ennuis commencent par des problèmes intestinaux, la chiasse en bref. Arrêt, je repars.

On remonte dans un vallon boisé, où se trouve une petite fontaine coulant goutte à goutte puis çà se complique par un sentier avec des marches, des racines. Second arrêt, y'en a marre, il va faire chaud, c'est pas le moment pour se déshydrater.

2ème ravito. Je tente trois verres de coca (à défaut de pastis) qui feront merveille pour l'intestin. A partir d'ici on chemine à travers la garrigue puis là une barre rocheuse. Cherche à droite, à gauche, bon il faut escalader les 3 mètres. Quand je suis perchée, on m'appelle. C'est Maxime, que j'avais rencontré au trail des Orres. Il a des soucis aux adducteurs mais me rassure, il va continuer.

Descente sur une épaule dans la garrigue, pas de sentier, il faut à la fois regarder où on pose les pieds, chercher le marquage au sol, sauter les marches de calcaire, contourner les buissons piquants. C'est roulant lorsqu'on arrive à enchaîner trois foulées sans rencontrer un obstacle soit presque pas.

Canyon, on récupère le parcours du canton vert mais au lieu de contourner le plateau par une piste, on tire tout droit dans un chemin pierreux, pourquoi s'en priver ? Là, plus moyen d'avancer, des crampes épouvantables à l'estomac dès que je bois ou je cours et cela durera jusqu'à l'arrivée: le résultat de l'absorption massive de coca. J'ai pas le choix, il fait chaud, je vais forcer l'estomac à absorber de l'eau tant pis pour les crampes sinon c'est la déshydratation. Un petite parade : courir pliée en deux comme les sioux sur le sentier de la guerre mais la position ne sera pas tenable longtemps.

Deux signaleurs goguenards au départ d'un sentier : «  vous connaissez ensuite ? », « non mais surtout vous ne me le dites pas ! », il rigolent et me souhaitent « bon courage ». C'est vite vu, les premiers coureurs en grande difficulté, crampes, vomissements, dans une remontée de vallon exigeante mais c'est magnifique, la garrigue est en fleurs, le paysage tout en tours de calcaires, un ciel bleu pur.

Je récupère un monsieur perclu de crampes et on va faire un bout de chemin ensemble en prenant des relais. On s'arrête près d'un coureur affalé à l'ombre, déshydraté complètement. Chance, mon compagnon de route est toubib et lui donne des conseils. On va repartir, tout en grimpant encore et encore des marches et une montée difficile droit à la pente.

A la descente, Véro me rattrape et me dit de gérer jusqu'à la fin.
Ravito du 31ème km au sommet d'une côte bien entendu. Des coureurs ont abandonné. Je m'asseois et réfléchis vite, pas question de renouveler l'erreur du Mercantour en stationnant la minute de trop : j'abandonne ou je continue en connaissance de cause.

A priori la digestion de l'eau fonctionne malgré les crampes digestives et je vois à la montre d'un coureur que je suis encore dans mes temps : 5 h 30. Je repartirais tant pis en marchant et en trottinant, en gros j'en ai encore pour 2 heures, le toubib arrive en décalage avec moi.

Puis ce sera une succession de montées/descentes raides, droit dans la pente, très techniques et jamais roulantes mais parsemées d'iris nains violets et jaunes, de buissons de romarins en fleurs avant une longue remontée vers le dernier ravito.

Je chemine maintenant avec un coureur, plein de crampes et nous papotons. Arrêt au ravito, détente et rigolade avec les bénévoles. Le médecin nous rejoins après quelques minutes: il est accrocheur et compte bien terminer. Mon nouveau compagnon de galère me propose de terminer ensemble. Allons-y, y-a plus que 250 m + de dénivelé, les crêtes pour 5 km. J'ai évité les crampes jusqu'à présent mais là à 20 m sous la crête une se déclenche à la cuisse. Super !

On papote en marchant, tous les deux, tels des randonneurs du dimanche. Cela n'apparaît pas à première vue, mais nous faisons un fractionné de oufs : la moindre bosse à 3-4 km/h et la descente derrière à 6km/h. Il me demande « çà va ? », « c'est de plus en plus la cour des miracles ».

Heureusement que la vue est splendide et aide à continuer. Au point le plus haut on attend le médecin qui nous rejoint et là j'ai droit à une conférence panoramique parce qu'ils sont tous les deux du coin. Nous sommes là tous les trois, à papoter tranquillement comme sur la place du marché un samedi matin. Deux minutes magiques, de suspension du temps, de partage, d'aboutissement. On l'a gagné notre trail.

Reste la descente, on termine en marchant sur le goudron. On retient quasiment de force un coureur qui nous double et repartait dans la mauvais direction sur la boucle de 40 km.

Vers l'arrivée, mon compagnon me dit « vu l'heure je vais me faire chambrer par les copains ». Je propose de terminer en petites foulées histoire de ne pas se ridiculiser définitivement. Il prendra finalement double dose car il arrive avec une fille. Un sprint à 8km/h pour terminer en courant et passer sous l'arche en 7 h 53 et des poussières. Véro est là et m'encourage : chouette.

Idée néfaste et idiote, je bois un verre de jus d'orange, l'estomac se rebelle une dernière fois, coup de fatigue, coup de blues, je m'installe à l'ombre d'une haie sur un mur complètement à la rue pendant 10 minutes.

Contente d'avoir terminé cette course, horriblement déçue de n'avoir pas couru correctement, je ne sais plus s'il faut me réjouir ou non. C'était un jour « sans » comme mes deux compagnons de galère.
Pas question d'imposer à mon estomac, une quelconque crevette ou moule de la paëlla, je partirai, sans manger, avec une bouteille de coca que vient de me donner un bénévole en me disant «  c'est super pour la récupération ». Yeaaaaaaaaaaaaah !

Je déteste refaire deux fois le même parcours mais là, oui, je repartirai sur le trail du Mimet. Trop beau, hyper technique, le top qui fait apparaître la Ste Victoire comme une course roulante.
80 abandons (dixit Christian, le coureur avec qui j'ai terminé, qui m'a contactée par mail hier) et le premier qui tourne en 4 h 33, çà donne une petite idée de la difficulté du parcours.

Pfffffffffffffffff!!!!

C'est le parcours du combattant! C'est incroyablement technique. je ne savais pas que ça existait: si j'ai bien compris, c'est à toi de trouver le chemin en escaladant....à la fois ça donne envie, mais ça à l'air d'être bien galère!

Voilà exactement ce que j'appréhendais: la chiasse. J'avais dans mon sac à eau des immodiums, mais je n'en ai pas eu besoin.
Je sais que ça ne fait que bloquer....mais le temps de la course, es ce que ça n'aide pas....quand aux crampes intestinales, l'immodium doit aussi les stopper,non?

Enfin, maintenant je vois de quoi ça à l'air la cour des grands....vivement que je grandisse!

Quel courage!
Tu as finalement pris du bon temps avec tes 2 partenaires masculins (oui, oui, je parle bien du trail!)....et pui s fallait les aligner les kms avec la chiasse en prime....

Je suis admirative!
Bravo, bravo, bravo....et merci pour ce CR palpitant....on fait la course avec toi!

a toi coca cola girl pour ton cr trop joli
comment fais tu pour te souvenir tout les gars qui te doublent
moi je les comptent plus,y en a trop

Merci pour Le CR CARO, vraiment un grand plaisir de te lire.

Corsica Cola !!!!!

Hello, Caroline ! Encore un truc de ouf, vraiment je ne sais pas pourquoi je suis toujours aussi étonnée à vous lire, je devrais être habituée depuis le temps ...
Trêve de plaisanterie ... Toutes mes félicitations pour ton parcours et surtout pour le courage que tu as dû déployer pour le boucler. C'est assez dingue d'imaginer de telles souffrances juste pour cueillr (des yeux) un bouquet de romarin en fleurs ou qqs iris bigarrés ...
Le pastis en effet pourrait avoir une action spasmolytique, mais utilisé pur, et avec le défaut, bien sûr, d'être alcoolisé ... Le buscopan pourrait faire mieux ? (mais une mignonette de pastis dans son sac, c'est pas trop lourd non plus et c'est original ...)
Je suis étonnée du nombre de coureurs vomissant sur le parcours, vous n'auriez pas été ravitaillés avec qq chose de pas frais ?
Je te souhaite une bonne récup, elle va devoir être approfondie celle-là, prends soin de toi et à bientôt la revanche !
Choco

tout comme choco...là suis épastouflet! bravo a toi....

l'aléa qui pourrit l'existence, flash de souvenirs, C'est sûr on va y passer, les ennuis commencent par des problèmes intestinaux, la chiasse Là, plus moyen d'avancer, des crampes épouvantables à l'estomac, les premiers coureurs en grande difficulté, crampes, vomissements , un coureur affalé à l'ombre, déshydraté complètement, coup de fatigue, coup de blues, 80 abandons

ou

une vue sublime : la mer, Marseille, le fond de vallée légèrement embrumé, les petits villages provençaux, la Ste Victoire, le massif de la Ste Baume, dans une odeur de thym et de romarin en fleurs
comble de bonheur un passage en balcon sur un muret, un passage entre deux rochers mais c'est magnifique, la garrigue est en fleurs, le paysage tout en tours de calcaires, un ciel bleu pur ,Heureusement que la vue est splendide et aide à continuer Deux minutes magiques, de suspension du temps, de partage, d'aboutissement, oui, je repartirai sur le trail du Mimet. Trop beau ,Yeaaaaaaaaaaaaah !

2 versions du trail de Mimet, je prefere la seconde !!! en tout cas Caro

Quelle épreuve Caro! partagé entre la beauté du paysage et la galère de tes ennuis intestinaux, je choisis de retenir que la première aussi !

Moi, ce qui me plait dans ces trails, c'est le coté technique du parcours. Et, apparemment c'était le cas sur celui-ci ! Dommage que tu n'étais pas en très grande forme pour en profiter pleinement !

Ne penses tu pas que c'est l'eau qui vous a rendu aussi malade !?

De toute façon chapeau ! et récupère bien

je pense aussi a ce que caro dit:bien s'hydrater
entre bien & beaucoup,y a aussi une différence
ca mets aussi arrivé,de peur de la deshydratation
coca=

et oui ce sont des choses qui arrive je connais bien que faire trouver les aliment adéquat avant course je cherche toujours .

bon repos

Bravo Caro c'est un plaisir de te lire.

Finalement heureusement qu'il était technique,
le contraire ne t'aurai pas servi à grand chose vu
ton état

En tout cas tu t'es accroché, c'est super

oulala!!!! super ton recit! mais franchement , la t'en as bavé grave,et ça me fait un peu peur! pas trop envi de ce genre de galére,ou alors en randonnee,pour profiter du paysage! surtout bonne recuperation,force pas trop sur la boisson gazeuse......... et

z'ont tout dit les copains ...une seule chose... après avoir lu et relu ...je serai au départ avec toi l'année prochaine

je me disais que, vu ton état, tu avais peut-être un peu noirci le tableau.....une méforme peut nous faire voir les choses sous un angle un peu moins "favorable" disons.....( le fameux verre à moitié vide )

Mais le nombre d'abandons me fait penser que tu avais au contraire gardé toute ta lucidité.....et ta bonne dose d'humour habituelle aussi, d'ailleurs!

Ce qui m'épate, c'est que tu aies tout de suite envie d'y retourner l'an prochain....en général....après en avoir "bavé" ainsi (le terme te parait peut-être un peu fort ) on a envie de jeter les chaussures, avec camel etc etc....

Il faut le temps de "digérer" tout ça....( sans allusion aucune à tes pb
du jour )



quelle battante tu fais


Félicitations une fois de plus, et d'en avoir terminé malgré tout.....

Non mais les crampes d'estomac c'était juste en buvant et dès que je courrais, le reste du temps en marchant c'était gérable, pas insurmontable. La galère n'était pas due au parcours mais à ce soucis inédit et intempestif.
D'ailleurs, les deux coureurs avec qui j'ai terminé en chiaient beaucoup plus que moi avec leurs crampes musculaires permanentes. Pour avoir fait un bout de chemin ensemble, ils se sont vraiment accrochés jusqu'au bout du parcours et ils sont bien meilleurs coureurs que moi .

Pour les autres, je pense surtout qu'ils ont démarré trop vite sur un parcours réputé difficile, pas assez bu ( chaleur + vent). Le gars qui m'avait présenté le parcours m'avait avertie que le premier avait fait une moyenne de 8.5 km/h en 2007 : cela suffit à imaginer qu'il ne fallait pas partir à des allures élevées pour pouvoir terminer, sans compter la chaleur et le vent en plus.

Puis pour moi , avec le recul, et les deux heures de rando à la fin, je n'ai pas l'impression d'avoir participé à la course donc je compte bien repartir pour la boucler dans mes prévisions minimales (même en portant ou poussant Tonton et sa glaciaire s'il le faut)

Et Greg-vire-moi-s'il-te-plait-cette-bouteille-de-coca ! beuuuuuurk

Citation :

D'ailleurs, les deux coureurs avec qui j'ai terminé en chiaient beaucoup plus que moi

Il y avait des gastro aussi...quelle drôle de course

Bravo pour le courage de galérer aussi longtemps.

mais jusqu'où iras-tu? Décidémment impressionant la Caro, respects et bonne récup. Merci pour ce CR coloré et aux senteurs multiples!

Tout simplement BRAVO!!
Quel coffre!
Impressionnant! Chapeau

Merci,

Je viens de survivre à l'apéro de la cérémonie du 8 mai, donc tout est nickel ... pour la suite.

Citation :

Je viens de survivre à l'apéro

même là t'as de l'endurance........

Citation :

Je viens de survivre à l'apéro de la cérémonie du 8 mai

t'as pas déposé la gerbe????????

au lieu de passer ton temps à dire des blagues limites, si tu faisais ton CR!

CDD, qui n'a plus posté un CR depuis des lustres!

Vraiment Caro t'es une vraie pro Tu arrives quand même à nous decrire un paysage de rêve alors que tu galéres

Pour tes petits soucis intestinaux, est ce que tu penses a te ravitailler suffisament en aliments solides ?

Félicitations pour etre arrivé au bout et merci à toi pour ce somptueux CR (mais on commence a y etre habitué)

je me suis alimentée jusqu'au 31ème km après plus rien, mais je n'avais vraiment pas envie ni besoin d'ailleurs.

Citation :

t'as pas déposé la gerbe????????

très spirituel, Jymm ! tu ne l'as pas loupée celle-ci.

Bravo Caro ! Tu t'es battue et tu l'as eu :)

Ca donne envie de la faire cette course

C'est une course pour toi qui aime les parcours de chèvres ou chamois.

c'est drôle....pour certains.....+ c'est dur....+ c'est tentant !