[Grand Raid du Mercantour 2007] Caroline

Grand Raid du Mercantour (St Martin de Vésubie-06) 102km 6600m+ le 16 Juin 2007

3h du matin : préparation des sacs, vérifications etc etc.
4 heures pétantes les 700 coureurs sont lâchés.

Pour commencer 4 km de route goudronnée. Echauffement, marche 80 % petites foulées 20 %. Après le village, on attaque la montée et je sors les bâtons immédiatement, gestion, économie. Montée tranquille, il y a pas le choix, il y a du monde et ce n’est pas le moment de doubler. La file de luciole s’étire déjà dans la montagne.

Il fait presque jour, au dessus de la Colmiane. Descente sur les pistes de ski et remontée vers le col de Veillos à petit rythme. Le paysage s’éclaire lentement. Les groupes d’allure sont faits, grosso modo, je verrais longtemps les coureurs qui sont autour de moi. Vincent a voulu faire la course avec moi et il suit mon rythme.

Au sommet il fait froid, je ne regrette pas d’avoir les mitaines, le ravitaillement est expédié pour tout le monde. Le sentier serpente au milieu de petits lacs. Après le col, descente dans un superbe vallon plein d’eau, de mélèzes et de rhododendrons.

Plus bas des épicéas et on remonte sur le col de Salèse plus ou moins sur une piste en béton. Aïe, alerte au genou gauche, çà tire, la descente sur le Boréon ne va rien arranger avec ses 2 km de goudron. Le soleil éclaire le décor, c’est toujours un régal pour les yeux. Ravito 2.
On récupère tous ceux qui nous ont largué dans la descente et on repart à la montée puis dans un chemin en balcon. Arrêt Nok.

La montée suivante sera longue jusqu’au Pas des Ladres mais au bord d’un impétueux torrent et toujours dans les prairies de fleurs. Petite pause au bord du lac de Trécolpas et le Pas se profile bien plus haut. Je fais les montées aisément, et je me fais vraiment plaisir. Je reprends, sans forcer, tous ceux qui sont devant moi.

Changement de vallon et de décor : ici, le clapier règne. Quelques chamois et bouquetins, ici et là. Coucou, c’est moi, le genou gauche, entends-je. Vincent n’est pas dans un jour de forme, on marchera donc à bonne allure à la descente caillouteuse. Nous doublent tous ceux qu’on a dépassés à la montée.

Enfin la Madone de Fenestre. Super ravitaillement, on n’a plus envie de partir. J’ai eu un coup de moins bien précédemment mais il faut attaquer le pas de Colomb, le nec en matière de chemin technique.

Je ne sais pas ce qu’ils ont jeté dans les pâtes mais je repars dans une forme d’enfer, et j’avale ce col allégrement. Vincent n’est pas bien mais il suit. Sans perdre le rythme on descend (au départ et sur 100 m c’est presque en chute libre) à bonne vitesse le pierrier en sautant d’un roc à l’autre. On tombe sur Forest Alex qui descend et discutons un petit moment.

Nous sommes dans le Mercantour minéral : c’est un empilement de rochers et montagnes, dans des tons de gris, de vert, quelquefois de rouge qu’égaient les derniers névés ; il y a de l’eau partout. Je suis en extase.

Au fond de la vallée, on rejoint le pont du Countet ( 50 km, on prépare le sac pour la soirée ). Pas mal d’abandons déjà. Là, on repart dans la boucle de 25 km sans faire le point sur la forme de Vincent : il va un peu mieux mais la montée sera rude et la fin difficile pour lui : il a mal au genou. Décidément, quand rien ne va.

J’ai mangé du pâté au ravitaillement, grave erreur qui va me bloquer la digestion jusqu’au milieu de la montée. Vincent prend le relais devant et monte. En vue du col , un coup de mieux, j’accélère, et j’en termine enfin. On ne s’attarde pas, il fait froid sur la cime.

Descente en prairie : pour une fois on peut un peu dérouler la foulée dans la vallée des Merveilles. Maintenant c’est la remontée le long de lacs, toujours au milieu de tapis de fleurs avant d’arriver au col du Diable.

Descente technique comme d’hab puis un chemin en balcon pour rejoindre la baisse cavaline puis le col du Raus. Entre chien et loup c’est féérique : le sentier descend au milieu de fleurs dans un nuage de brouillard et une odeur de rhododendrons.

On se retrouve tout un groupe dans un chemin en balcon, assez roulant mais dont on ne voit plus la fin. C’est long et lassant il n’y a plus de vue, le temps s’égrène : plus que le bruit des bâtons et la lueur des frontales : de temps en temps, un splouch de celui qui a mis le pied dans un trou vaseux en passant un ruisseau.

Retour dans la Gordolasque au ravito par une piste de ski de fond qui n’en finit plus. C’est presque une heure du matin : on a mis quasiment 8 heures pour boucler les 29 km ( annoncés 25).

Vincent abandonne. Je ne me résous pas à l’idée de me taper de nuit, encore 6 à 7 h, toute seule : si je suis fatiguée comme tout le monde, j’ai encore du jus : je sais que j’ai encore les capacités de terminer. Autour de moi, il y a deux garçons comme moi, indécis, mais la lassitude déteint sur tout le monde et l’emportera.

Je terminerai donc ce raid à 78 km : des regrets à posteriori, oui bien sûr. C’est mon premier abandon dans une course : ce n’est jamais plaisant quel que soit le motif surtout qu’au sens strictement physique ( pas de crampes, pas d’hypoglycémie, pas d’ampoules, pas de déshydratation, juste une courbature dans le dos ( ?)) je n’en avais aucun sinon préserver mon genou des deux dernières descentes.
Voyager de nuit sans voir le décor ne m’a pas davantage motivée.

Côté positif, je me suis fait plaisir sur ce parcours très technique par endroit, surtout dans les montées, dans un paysage somptueux : tenir 78 km et environ 5100 m de dénivelé positif en conservant encore du jus (grâce à mon tempérament feignasse), c’est mieux que rien. Le fond est acquis. La gestion technique de course longue assimilée. J’ai mon carnet de route pour la suite.

Du point de vue du terrain c'était difficile. Personnellement j'ai bien apprécié le profil montagne . C’est un superbe tracé, passant en altitude donc technique par définition, reflétant bien le caractère du parc du Mercantour tout comme le TBA a bien retranscrit l’esprit de l’Esterel. Chapeau aux organisateurs et aux bénévoles qui ont passé la nuit dehors, certains sur les cimes par un vent glacé, pour tous les coureurs.

A lire les trois quarts de ton CR, je n'aurais jamais imaginé que celà se termine par un abandon

On ressent beaucoup de plaisir à la lecture, ce sont des courses pour toi, c'est incontestable

Evidemment, se retrouver de nuit, sans sa moitié et quand on en a plein les "papattes" pas évident du tout J'ai l'impression que c'est plus ce côté qui t'a fait stopper ce trail.

Merci beaucoup pour ce trés joli CR Caro Assez de lucidité pour observer les rhododendrons, épicéas ou autres névés

Tiens pour la peine

Félicitations à Vincent aussi, bonne récup a vous deux

Caroline pour être arrivée jusque là.

Mais c'est vraiment domage que l'on ne se soit pas croisé au Relais des Merveilles, nous y sommes arrivés vers 2h et nous sommes repartis en dernière position vers 2h20, alors si on s'était croisé tu aurais pu terminer avec nous.

quel magnifique CR Caroline!!!!!!!!


alors que j'étais, sur les lieux, à la vue de la plupart des coureurs au bout de 15 16h de course, un peu dubitative sur le choix du tracé.......tu me donnes presque envie de la faire, cette course, tant tu en parles bien.......

poutant, je crois que je n'avais jamais vu autant de coureurs effondrés durant une course.

Certes, c'est un tracé en haute montagne, mais la plupart des gens s'accordaient à dire que c'était un parcours extrêmement difficile, en comparaison d'autres grandes courses d'ultra.

Bravo à vous en tout cas d'y être allé....je comprends ta déception de ne pas être allée au bout, puisque tu t'en sentais capable, je comprends aussi ton choix solidaire......

bises à tous les deux, et bonne récupération!!!!!!!

Mince alors....ce doit etre vraiment difficile! bravo a toi, tenir....super...

Vraiment dommage Caroline, en lisant ton CR je pensais vraiment que tu étais allé au bout.
Enfin tu réalise quand même un belle exploit en parcourant 78km
sur un tel circuit

Un grand ainsi qu'à Vincent

Bravo à toi Caro ! Promis je lis ton CR avant de finir le mien ! :)

bravo à vous deux !!!!!
c'est vrai que l'abandon n'est jamais agréable ......mais le plaisir a été présent sur ces 78kms et c'est là le principal encore bravo !!!!!
et merci pour ce CR qui donne envie de se lancer dans l'aventure !!!

Merci Alex, c'est gentil ta proposition ( on n'a pas du se louper de beaucoup ) et merci à tout le monde pour vos encouragements.

Bah, on ferait n'importe quoi pour ne pas rendre les quatre épingles à dossard à l'arrivée !

Bravo a tous ceux qui ont pointés le bout de leur nez ce samedi a 4h00, pour prendre le départ...

Tout les commentaires s'accordent a dire que ce tracé magnifique par sa beauté l'était aussi hyper difficile physiquement et techniquement...



un abandon... c'est juste finir un peu avant les autres

nicnic38 a écrit:

un abandon... c'est juste finir un peu avant les autres

lol Nico éternellement optimiste

Erik a écrit:

Nico éternellement optimiste

et c'est un des secrets du bonheur !!!!!!!

Merci pour le CR caro ! il est très plaisant à lire ! Bonne plume :)
Allez j'attaque le mien.

bravo caro
l'essentiel est que tu sois heureuse de l'avoir fait, apres l'abandon ça arrive ( je sais de quoi je parle !!!)

ahhh toi aussi ?????

ça arrive même aux plus grands, non ????????

aux petits aussi

mais oui.....ça arrive à TOUT le monde......


heureusement.....on serait des machines, sinon......

Si tu es restée sur ta faim, moi ce C.R. m'a comblé.



BRAVO Caro !

C'est un peu toi cette image d'une personne admirative et nous le faisant partager si bien.

Bravo Caro, j'avais loupé ton CR

La course était très difficile, tu as fait une superbe course,

prends le temps de la récup

Pousse-pieds a écrit:

Trés joli ce gif, pouss'

ça ferait un bel avatar féminin çà

Rooooooooh merci à tous.

C'est bien çà et en plus dans quinze jours on part avec les copains s'attaquer à l'Obiou, belle montagne pile poil en face du massif des écrins ! Qué bonheur !