Trail du Grand vallon (Les Orres-05) 25km 1200m+ le 15 Juillet 2007PréambuleSur la ligne de départ, la fraîcheur des 1500 m de la station des Orres me rappela que la partie allait commencer.
De la montagne, je ne connaissais rien.
Mes derniers trails s’étaient couru en dessous des 1300 m, mes derniers entraînements s’étaient déroulés au dessus du chalet de location à Puy Sanières et à une altitude de 1100 m.
Au quotidien, mes entraînements se situés sur les sentiers du Faron à 550 m et ma vie à 140.
Donc je n’avais rien du bouquetin que j’avais pu apercevoir la veille sur le pic du Morgon.
La composition du sac était succincte. Outre les 160 cl d’eau,un coupe-vent et 2 pansements terminaient la panoplie.
3 postes de ravitaillements étaient prévu sur ce parcours de 25 km
et d’un dénivelé de 1500 m +.
Le trail synchroniséJe ne perçu que des bribes de phrases de l’organisateur qui déclara en
désignant l’Aupillon :
- « Lorsque vous serez là-haut, le plus dur sera fait ! «
Et à cet instant, dans le plus bel effet, toutes les têtes firent 180°
pour se positionner face à ce mont majestueux culminant à 2700 m. La figure fut si belle que j’envisageais immédiatement une nouvelle discipline : le trail synchronisé.
Le départEt Pan, le starter à fait son œuvre. Il en a profité pour tirer son coup . . . de semonce. Nouvelle rotation de 180° pour se positionner dans l’axe de la course. . . Et c’est beau, je vous le dis !
La course – en route pour l’Aupillon –Allez hop ! descente sur piste pour atteindre Champ Laca et constater que les 2 pansements disposés judicieusement se sont logés sous la voute plantaire,
On continu par le plateau des Charances, les Ribes ne sont pas loin puis un passage verdoyant sur le chemin du Grand Vallon dans la forêt du Clot La Saume. Jusqu’ici le parcours est très roulant et conforme aux trails que je connais.
Sur le chemin de la chapelle St Pierre, aucune file d’attente n’est décelable. L’heure n’étant pas aux recueillements, je décide de filer à l’Anglaise ou plutôt à l'Orrianes.
Nous flirtons avec les 2000 m.
Depuis peu et sans que cela ne soit prévisible, un essoufflement est présent m’obligeant à réduire l’allure, un mal de jambes l’accompagne.
La marche apparaît – la difficulté est sérieuse après le petit vallon –
Nous gravissons les sentiers d’alpages où se succèdent lignes droites et lacets escarpés.
Le col de l’Aupillon est visible ; entre nous, une paroi abrupte. Dans les tympans résonnent les battements de cœur, les jambes me font mal, je n’avance plus, c’est décidé j’arrête, je quitte le sentier.
A ma gauche, un névé, je m’assois. Je fais le plus beau des poiriers à 2400 avec des expires forcés. Au regard que me porte ma poursuivante, je devine son interrogation et la rassure rapidement sur mon état de santé physique (alors qu’après réflexions, c’est le cérébral
qui devait l’intéressée ) – 3 concurrentes me passe – 2600, nouvelle pose – 5 concurrents me passe Je jongle avec mon coupe-vent et me félicite à cet instant de l’avoir emmené.
2700 m et des poussières : un ravitaillement. Ce n’est pas tellement le ravitaillement qui m’intéresse puisque autonome mais sa présence me renseigne sur le point culminant atteint.
La descente – la chute -Un bref échange me permet de connaître la configuration du terrain qui
m’attend. Si le coup d’œil derrière l’arête rocheuse me dévoile le lac Ste
Marguerire, il n’en est rien ! De rires point - mais de rites oui, sans S ou plutôt après. _ ’y rendre ne va pas être aisée : La pente est sérieuse. C’est partie, les pierres se dérobent souvent mais se calent rapidement évitant ainsi les chutes. Descendre en toute sécurité demande également des jambes, c’est mon point faible du moment. Ma descente se résume donc en une suite de réceptions plutôt qu’à un slalom fluide. Mon allure de course s’en ressent de nouveau.
- Devant plus personne, derrière un binôme en chasse :
Un cri bref, je pile. Du binôme, l’un est au sol calé par des roches,
je n’aperçois que ses membres. Son compagnon est à son côté.
Des secondes interminables puis il se relève, s’inspecte et repart.
Les derniers kilsLe lac Ste Marguerite est derrière nous, la piste de Grand Cabane est sérieusement entamée.
L’essoufflement et le mal aux jambes ont disparu au profit d’un point de contracture centré sur le mollet gauche – G é n i a l . . . . Je jubile et c’est en arborant un sourire sans retenue que j’ai une pensée sauvage vers notre ami Yoyo :
-« tous les 10 kils un antioxydant » qu’il m’avait dit !
D’accord, je n’en avais pas pris tous les 10 kils et je repoussais le contact épais et gluant de la demie portion qu’il me restait. Le dilemme était simple : prendre ou ne pas prendre. T’en prends pas et t’as un gros chewing gum dans le mollet, t’en prends et tu meurs noyé par la quantité d’eau qu’il te faut ingurgiter pour dissoudre la potion. Sagement, j’optais pour le chewing gum et c’est collant à la route du gauche que j’arpentais mes derniers 4kils.
Un bref coup d’œil à ma montre m’indiqua que j’avais 3 heures de course
dans le mollet gauche et ça commençait à faire.
25 ’ et 56’’ plus tard, je franchissais la ligne d’arrivée . . .
Et c’est tant mieux .