Marathon de la côte d'amour (Le Croisic) le 2 Octobre 2005
Avant :
Un marathon, c'est toujours une aventure. Celle de celui-ci prend sa source au lendemain du marathon de Paris, au mois d'avril 2005. Passée la déception et la douleur physique et morale, une évidence envahissait peu à peu mon esprit : "Il ne faut pas rester sur un échec. Je vais faire un autre marathon cette année !".
J'ai alors envisagé d'enchaîner directement sur le marathon du Mont Saint Michel. Heureusement, plusieurs marathoniens confirmés m'en ont dissuadé. Il valait mieux attendre 6 mois et faire un marathon d'automne. Va pour le marathon de la côte d'amour début octobre.
L'objectif annoncé était sans ambiguïté : finir en bon état.
Coté préparation, cette fois je ne reproduirai pas les erreurs du passé, j'en étais convaincu. Un nouveau plan plus long (12 semaines) mais moins intense (3 séance par semaines et contre 4 auparavant). La préparation débutait mi-juillet.
Préparation avalée sans gros problème. Petite alerte en semaine 6 où j'ai transformé la sortie longue en une petite sortie d'1h10.
Juste avant :
La pression montait peu à peu. Vendredi soir, je prépare mon sac. Le rituel habituel : chaussures, maillot, short, épingles à nourrice… Premiers frissons. L'inquiétude aussi. Ai-je pensé à tout ?
Samedi matin, c'est le départ : toute la famille en voiture et direction Le Pouliguen. Nous allons nous promener sur la plage l'après-midi, les enfants s'amusent dans le sable. Je ne suis pas tout à fait là. Le port, le remblai : demain je passerai ici, dans quel état ?
Ma femme est là pour assurer la logistique. Elle supporte et apaise mon stress. C'est aussi grâce à elle que je peux aller faire le guignol sur le bitume.
Je dors mal. Couché avant 23 h, je tourne, je tourne. Je vois défiler presque toutes les heures.
La course :
Levé à 6 h 30, j'avale mon gatosport. Je me prépare. Je pars vers la ligne… d'arrivée (pour prendre la navette). L'organisation est parfaite, il y a bien 6 ou 7 cars qui nous attendent. Je monte dans le premier. A 8 h 15 je suis rendu au départ. Une heure à attendre. Il fait un peu frais, pas de trace de mon collègue, je m'assois sous une tente à l'abri du vent. Le calme avant la tempête, je suis dans ma bulle. Finalement 9 h arrive vite. Je m'avance, je croise Christophe qui doit amener un de ces copains en 3 h 30. Il me demande si je pars avec lui. "Je vais voir". J'avais pourtant dis que je partirais prudemment, l'ambiance me fait oublier mes bonnes résolutions.
9 h 20 : c'est parti. Il fait beau, pas trop frais, impeccable. Peut-être trop de vent.
Je déroule. Je suis avec les ballons des 3 h 30. Ca avance tout seul. 24'18'' au 5 kms. Christophe et son copain sont là. Je me sens bien. Je me retourne : je ne vois plus les ballons. Je décide de lever le pied. Mais je vole : je rejoins Christophe : 49'22'' au 10 kms. Je plaisante au 11ème : "On a fait le quart".
Au fait oui, on est loin de la moitié. J'ai un premier doute, je me laisse distancer au ravitaillement.
Au 15ème km, nouvel éclair de lucidité : je ne tiendrais pas ce rythme ! Cette fois, je lève vraiment le pied. Je me laisse aspirer puis distancer par les ballons 3 h 30. On attaque le gros morceau : les marais salants avec le vent en pleine poire. Je suis bien. Je me félicite d'avoir levé le pied. Je cours à mon rythme. 5'15'' au km. Je remonte quelques concurrents. Je suis seul, drôle de sensation sur un marathon, rien à voir avec Paris. Personne à moins de 100 m devant moi. Un gars s'accroche à ma foulée mais reste 10 m derrière. On bascule au sud, le vent est dans notre dos. Je me retourne "On a fait le plus dur". Mon "suiveur" engage la conversation. On fait 2 kms ensemble. Ravitaillement au 23ème. Je m'arrête, pas mon compagnon. Je suis à nouveau seul, mais poussé par le vent. Je quitte les marais.
26ème km : on approche du Pouliguen et de ma famille. Je commence à piocher. Pas de panique, je réduis un peu. 5'30'' au km, ça tient. Au 30ème, surprise on m'interpelle. FabCentKms, le Fab* du forum Athlète endurance est là. Il m'a trouvé. Il m'encourage, c'est sincère aucun doute, de la part d'un transGaulien ça me fait tout drôle. Quelle bonne surprise. On échange quelques mots, je file. D'un coup le moral remonte.
Plus que 2 kms et les enfants seront là. Ca y est, je les vois à 100m. Je leur fais signe. Ils sont là tous les 3 avec leurs petites banderoles. Un coureur à coté de moi a compris. Il me dit : "C'est le meilleur moment !". Mon Dieu qu'il a raison. Je m'arrête bisous à mes 3 petits gars et à leur maman. Quel bonheur ! Il faut repartir, c'est dur. Quelle émotion !
Mais il faut attaquer le final. Encore 10 kms. Les jambes deviennent vraiment lourdes.
Je fais une bonne pause au ravitaillement des 33 kms. Je repars. Je calcul : plus que 9 ! Je commence à vraiment être fatigué. Je maintiens 5'30'' au km, mais les pauses font chuter la moyenne. Si je maintien, je peux tenir 3 h 45.
Je planifie : Je ferai une pause tous les 2 kms, sinon pas d'arrêt. Je tiens jusqu'au 36ème et l'épongeage. Je me relance vers le 38ème km. Je le passe sans m'arrêter. Les jambes ne suivent plus mais la tête tire le bonhomme. 39ème ravitaillement. Une pause et c'est reparti. 40ème quelques étirements. Je retrouve Fab*. Super sympa ce gars là. Y'a pas à dire, le forum AE, c'est quelquechose. 41ème. Plus qu'un km, je vais pourvoir accélérer pour finir.
Aïe : la Crampe ! Avec un grand C. Derrière la cuisse gauche. Impossible d'avancer. Je suis planté sous le panneau km 41. Bon sang ! Je me mets sur le coté, un spectateur vient à mon secours. Rien à faire, ça ne passe pas. Bloqué à un km de l'arrivée, j'ai l'air malin. Un puis 2 essais relancent la douleur. 2, 3, 4 minutes ! Un autre spectateur me conseille de tapoter sur le muscle. Miracle, ça passe. 2 ou 3 flexions et c'est reparti. Je double maintenant. Quel gâchis. 10'26'' sur le 42ème km : j'ai perdu 5 minutes avec ma crampe. Encore 195 m. C'est dur ! Ca y est : 3 h 52 mn 23 s. A 11 minutes de mon record. 6 de moins qu'à Paris.
Juste après :
Je suis épuisé. J'avale un breizh cola : quelle erreur, mon estomac n'est pas d'accord. Je suis mal. Je m'allonge par terre, à même le bitume. Je reste bien 10 mn. Plusieurs coureurs me demandent si je vais bien. On me propose une chaise. J'y reste encore un quart d'heure. Une secouriste me propose de sortir de la tente des ravitaillements. Je retrouve le soleil et je m'allonge encore sur le bitume un quart d'heure. On me demande toujours si je vais bien. Comme j'ai froid, je me décide à aller chercher mon sac. Je trouve de la pelouse. Encore 10 mn de repos allongé. Sur la pelouse et avec un pull c'est plus confortable.
Je reprends un peu mes esprits : je vais chercher à manger avant de rejoindre la voiture. Il m'a quand même fallu une heure pour émerger.
Après :
Contrairement à mes craintes, le lendemain les jambes sont très courbaturées, mais ce n'est pas insupportable.
Je suis déçu, mais pas abattu. J'ai souffert, mais j'ai mieux géré qu'à Paris. J'ai réduit l'allure plus tôt ce qui m'a permis de mieux tenir le rythme. Sans cette maudite crampe, j'aurais fais un honnête 3 h 47'. Contrairement à mon précèdent marathon, pendant la course je ne me suis jamais dis "Plus jamais de marathon". C'est terrible, mais je sais bien que le virus sera le plus fort.
Il va falloir que je fasse rentrer dans ma maudite caboche qu'il faut que je parte DOUCEMENT. J'ai beau le savoir et le dire, avec le dossard et le coup de pistolet c'est plus fort que moi.
Conclusions :
Encore une belle leçon d'humilité.
Une aventure avec moi-même qui au-delà de la douleur et de la souffrance font chacun de mes marathons des expériences extraordinaires dans tous les sens du terme.
Rendez-vous en avril au marathon de Paris.
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Sujet: [Marathon de la Côte d'amour 2005] CR de XIII 
