Trail des Balcons d'Azur (Théoule sur Mer-06) 50km 2000m+ le 21 Avril 2007
Il y a la côte d’azur, côté béton, puis il y a la côte d’azur, côté allumés, pour ceux qui préfèrent la fréquenter en s’ébrouant dans le massif de l’Estérel. Au départ donc 160 coureurs environ à frissonner dans le petit matin en attendant le pointage de chacun. Moins d’un kilomètre de bitume après c’est la fin de la civilisation.
Je me retourne , plus personne comme d’hab dans mes débuts de course. Et c’est déjà magnifique, au lever du soleil, les roches s’illuminent de rouge, le vert de la forêt, le crissement du sable sous les pas, le sentier monte tranquillement. Dans les côtes je commence à remonter quelques coureurs et sur une portion de piste j’en trouve un pour papoter : un lyonnais, descendu pour l’occasion avec des copains, on parle courses, ski de rando, du paysage. Comme il a un bon rythme de montée je le suis. Sur les crêtes un vue sidérale autour, des pics rouge, la mer bleu-gris au fond, le ciel bleu…
On plonge déjà sur le premier ravitaillement. Arrêt, remplissage de la poche à eau, et on repart en petites foulées à la descente. Là, je suis dans un petit groupe pour un moment : chênes liège, petit cours d’eau, sentier roulant dans les arbres, quel bonheur. Et hop, on remonte. Le groupe explose et je reste derrière mon lyonnais et un autre coureur : on grimpe à un bon rythme. On dépasse Francis qui nous a doublé en trombe dans la descente et d’autres coureurs. Descente, petites foulées économiques, tiens le Mercantour vient dans la conversation : le coureur devant me donne des conseils, on s’y retrouvera bien entendu. Montée : je fais un arrêt pipi et je perds mes deux bonhommes. Pas grave, une montée régulière, je marche un petit moment avec Francis, on parle de Tonton Jym, d’ultra trails, puis je le lâche et je fractionne : course à pieds 80 %, marche 20 %. Génial , je remonte un peloton de coureurs sans forcer. Crête et portion de sentier plat en balcon, une vue d’enfer et surtout une vision dantesque, les coureurs du 30 km sont sur le flanc opposé de la vallée en sens inverse du nôtre : eux rentrent , pas nous !
Descente puis là le paradis, je reprends un chemin qui monte régulièrement, et je fractionne : il n’y a plus personne mais quel décor, un petit ruisseau, une cascade verte, des fleurs , blanches, jaunes, violettes qui sortent comme pour nous applaudir, toujours ces pics rouges au fond : je suis bien hydratée, je mange régulièrement , de supers appuis et relances , un bon rythme du pur bonheur .Moi qui ai traîné une bronchite la semaine dernière, un début de sciatique, je ne pensais même plus à ces superbes sensations. Deux coureurs finissent par passer, ils m’ont presque fait sursauter tant j’étais dans ma bulle de quiétude. Un contrôleur, trois coureurs qui arrivent en même temps : il sursaute lui aussi : je m’excuse d’arriver aussi vite ! Rires.
Ravitaillement et remplissage de la poche avec ma poudre de perlinpimpim, il va faire chaud, prudence. Je plante le bandana sur la tête et repars à l’assaut derrière deux messieurs et là la moyenne chronométrique se gâte sérieusement. Ils racontent des âneries, moi aussi et on monte en riant comme des idiots. Je profite de la descente pour voir ce magnifique paysage : dans un cadre au fond bleu, la vue est plongeante sur la mer, dans une débauche de vert et de rouge :elle est technique, dans les broussailles, il faut passer plié en deux comme les mohicans. Nous ne sommes plus que deux. Première boucle avant le PC 6, il faut partir pointer à droite à 1 km puis revenir sur nos pas et repartir à gauche. Là on apprend que nous sommes 92 et 93 ème. Blême : je n’ai pas remonté tant de coureurs et mon compagnon rajoute qu’il est passé en 122ème position au PC précédent ,j'étais derrière lui : on n’a pas non plus doublé 30 personnes entre les deux contrôles. Pas le temps d’y penser, je repars avec mon compagnon qui me propose de faire la course avec moi. Pas de souci mais c’est un peu le lièvre et la tortue par alternance : il n’a pas le pied montagnard, alors je le pousse dans les montées et descentes techniques mais lui me donne le rythme, en bon marathonien, sur les parties roulantes. On papote, je sais que je suis en dessous, surtout dans les montées que j’enchaîne avec facilité depuis le départ. Là un pauvre coureur est affalé sous un pin on lui propose de l’aide, de l’eau mais il est cuit, il a envie de vomir, il a loupé le poste de contrôle/ravitaillement précédent ( pas étonnant et il n’a pas du être le seul ) … il nous dit avoir appelé les secours et on les voit effectivement descendre le long du chemin. Nous repartons donc jusqu’au col.
Là pointage, on remplit les poches, on s’arrose le crâne. Il fait quand même chaud mais en ayant beaucoup bu depuis le départ, cela ne me pose aucun problème. Quelqu’un annonce 13 km avant l’arrivée. En route pour la boucle, encore une, autour du pic de l’ours. Mon compagnon marche à la montée et à la descente, je trépigne un peu mais je le laisse filer le temps de faire une petite pause sous un pin.
Retour au ravito-contrôle : confirmation de mon étonnement : pas de contrôle au sommet mais un contrôle sur l’aller et un sur le retour pour une boucle? je retrouve un monsieur avec qui j’ai discuté : un petit mot au passage. Reste plus que 9 km. Alternance de deux montées descentes. Les montées bien en rythme mais mon compagnon ralentit dès que le terrain est technique en descente. Ce n’est pas grave, j’ai le genou qui grince et les descentes font mal. Arrivée au PC suivant : penauds les bénévoles nous annoncent 8 km (confusion avec le 30 km) excellent pour le moral !
Piste : la tortue se métamorphose en lièvre et vice-versa je le suis. On n’en voit plus la fin, de fonds de vallons en éminences, je sais depuis un moment que les 8 h visées sont out, mon compagnon aussi parce qu’il regarde sa montre sans plus de commentaires maintenant.
Enfin, on remonte sur le dernier col et on prend le dernier sentier. Là je sens l’arrivée et le talonne bien dans la descente : il est obligé de courir un peu plus vite pour éviter que je lui serve de sac à dos. On croise un garçon qui nous encourage et semble ressembler à Alex, je réagis une trentaine de mètres trop tard.
On déboule sur le goudron, on a deux coureurs en point de mire, mais ils nous ont repérés et détalent à donf. Bienvenue à Théoule, son port, sa plage, et ses touristes entre lesquels on slalome pour gagner l’arche d’arrivée. Vincent , déjà arrivé, m’encourage, et hop on passe la ligne ensemble. On discute le temps de regagner le ravito. Là on se sépare, je rejoins Vincent et lui se met à discuter avec des collègues. Je pensais lui dire au revoir plus tard mais je ne le trouve plus, tant pis. Au ravito, je suis complétement démoralisée : il y a des bonbons Haribo, des biscuits secs, du pain d’épice et un espèce de pain pâteux sans goût. Ils ont du braquer l’épicerie du coin. Je glane des chips et cacahuétes au passage et on ne s’attarde pas. Je pensais que pour trente euros on aurait au moins un ravito convenable à la fin….On dit au revoir à un gars qui a couru avec Vincent et qu’on reverra au Mercantour.
Oui, j’ai passé les 50 km merveilleux parcours très varié, gestion du ravitaillement et de l’effort au mieux, je termine avec encore du jus et toujours en dedans, et finalement je suis contente d’avoir fonctionné parmi ces « paires » de coureurs, fortuites ou programmées et quand je regarde la liste d’arrivée je me rends compte combien cela arrive souvent sur ces distances.
Après, je reste très perplexe sur le classement final, compte tenu de ces deux boucles ( comment en étant pointés 92 et 93 ème au PC 6 et en ayant remonté 5 personnes et se faisant doubler par 3 ensuite on arrive 102 et 103 ème sachant que je n’ai jamais remonté tous ces coureurs :il y a bien les abandons mais entre le 20ème et 30 ème km pas une trentaine et on a pas vu une seule personne en difficulté sur cette portion? Hein, excellent équation circulaire mais je ne suis pas la seule à avoir observé quelques petits détails qui gâchent une course ou fâchent), sans parler de mon penchant à me dissiper au fond des pelotons en flinguant un peu le fruit de mes entraînements.
Merci Alex d’avoir récupéré mon temps, pas génial certes mais bien mérité, et je ne l’estimais qu’à la louche quant au reste ….c’était une première organisation donc…surtout bravo aux bénévoles qui ont passé toute la journée au soleil pour nous.