[Trail des Cerces 2008] Caro

Trail des Cerces (Serre Chevalier-05) 68km 3500m+ le 13 Juillet 2008

C’était la Merrel option pluie. Pluie le soir, orage la nuit, pluie le matin n’arrête pas le pèlerin.
Petit déjeuner avec Thierry sous le auvent du hall d’accueil avant de s’endimancher pour le dixième anniversaire de la Merrel.

Le départ est donné et nous voilà partis en presque fin de peloton pour une longue remontée en fond de vallée vers le col du Galibier sous des averses et un ciel plombé. Le cortège s’étire en de petits bonhommes colorés, épaules voutées sous la pluie et sautillant pour éviter flaques et ruisseaux. Cela ressemble fort à la retraite de Russie.

Après le passage sous la route, nous rencontrons Pastis 51 qui nous donne rendez-vous, plus tard dans la vallée de la Clarée : pas la peine qu’il se presse, c’est encore loin, pour nous. Pour le moment c’est la montée dans le col du Galibier.

J’ai les mitaines mais j’ai froid aux doigts. Au sommet il fait un temps épouvantable, le ravito est noyé sous la pluie, le froid, la brume. Là, j’ai commis une grosse bavure, impardonnable, je n’ai pris que le coupe-vent non étanche à la pluie, pas de gants longs non plus ( trempés c'est pas mieux) mais un bonnet. Je ne me vois pas passer, plus tard, le col des Béraudes à 2900 m, trempée, dans cet équipage et par cette météo.

Tout le monde se gèle et repart vite du ravito. Un raidillon et nous voilà dans la descente, boueuse, glissante : c’est un climat pour Jymm.

Pendant que je perds le contact avec Thierry un moment (m’enfin où est-il passé, je sais plus s’il est devant ou derrière), un certain nombre de coureurs s’étalent dans la boue, sur les fesses, sur le dos, sur le flanc : pour les autres, on y reconnaît les skieurs qui s’en sortent néanmoins en pratiquant la godille.

Quant à moi, pour faire bonne mesure, j’aurais inauguré avant un atterrissage/glissade/décollage dans une bouse fraîche. Le temps se lève un peu, on termine cette longue vallée par une passerelle avant de remonter vers les Rochilles. Plus de pluie, je mets à sécher le coupe-vent sur le sac à dos ce qui finit de me donner une allure de romanichel.

Le sentier puis le chemin de pierres blanches, sont agréables le long du torrent et le paysage est superbe, avec un troupeau de mouton dans l’alpage. La fausse bonne idée du jour : couper un virage (autorisé par l’organisation) en entraînant Thierry et quelques coureurs à ma suite pour arriver…50 m au dessus du ravitaillement. Gag.

Le thé chaud est le bienvenu. Au dessus, la piste serpente coupée par le sentier. Thierry me demande de partir et de ne pas l’attendre. J’hésite, on discute et je continuerai donc seule. Je pars dans le sentier droit à la pente, sors au col des Rochilles, on n’y voit rien, il y a encore de la brume.

Descente, vers le lac des Cerces, magnifique plan d’eau contourné par le sentier puis dans la vallée de la Clarée : il y a des torrents partout, des champs de fleurs, le mont Thabor à gauche. Les sommets se détachent enfin dans le ciel bleu.

Je reste dans un tempo « économie » en petites foulées tranquilles pour rejoindre le ravito suivant : j’ai des tensions au genou gauche, il reste 30 km donc rester souple et ne pas forcer.

Je retrouve Pastis 51 au ravito, il m’accompagnera jusqu’au lac des Beraudes en sautant d’un rocher à l’autre et en courant sur le sentier devant moi. Il me montrera les bouquetins à 150 m, gros pépères vautrés sur la pelouse.

Quant à moi, j’ai pris un rythme de montée lent mais sans m’arrêter j’entame une remontée des coureurs devant moi. Le lac des Beraudes est toujours aussi saisissant par sa couleur bleu glacier.
Le temps de dire au revoir à Pastis, dix coureurs repartent devant moi. Pas commode de doubler mais à les suivre je ne suis pas dans mon rythme. Sous le col il va falloir passer les énormes névés, et je file un de mes bâtons à un coureur qui m’inquiète par ses dérapages et ses acrobaties.

Après le sommet, il y a un gros passage technique entre deux blocs de rochers donc je ne m’arrête pas au col, je jette juste un coup d'oeil panoramique et file direct à la pente : bonne tactique, en arrivant au pied du col, je me retourne : il y a une file d’attente énorme dans ce passage.

Versant aride, pas de torrent, un sentier bien grenu me mènera, en balcon sur la vallée de Monetier jusqu’au col suivant, le col du Chardonnet. Coupe-vent, bonnet, il fait froid dès la descente. Je cherche tout de suite la sortie de l’autre côté, je ne suis pas la seule et avec un couple nous interrogeons des bénévoles.

C’est là-bas, nous disent-ils. Arg, on n’est pas rendus. Je calcule vite fait, il doit me rester environ 3h de course. Descente dans une large vallée, versant Clarée, papotage : on retrouve les torrents, les ruisseaux, les alpages, un lac et toujours les jolies fleurs.

Dernier ravito devant le refuge. Beaucoup traînent là au soleil dans la pelouse, on ne partirait plus de ce coin paradisiaque : forcément avec ce qui nous attend, c’est pas motivant. Papotage et il faut y aller.

La fatigue est bien installée et il va falloir l’arracher ce dernier col. Remontée le long d’un torrent, je profite de tous les endroits plus plats pour récupérer un maximum ; je lève la tête et combine mon allure de montée selon le profil du sentier dans le col. Ce sera difficile et me viens à l’idée que c’est une course de ouf de plus.

« Bienvenue au col de la roche noire » nous dis une bénévole, « maintenant il n’y a plus que de la descente », nous lui répondons qu’effectivement nous comptions lancer le sprint final. Il n’y a plus que 13 km. Coupe-vent et bonnet, il commence à grêler. 2 mn pas plus mais cela suffit à nous lancer dans les lacets en descente. La pelouse rejointe, le sentier restera roulant jusqu’à la fin et je pourrais enfin dérouler en foulées souples alternées de moments de marche.

On arrive en vue de Monetier et la sono de l’arrivée se fait entendre. Une belle descente dans les bois, traversée du torrent, passage sous la route et enfin arrive le dernier km. En accélérant progressivement, je passerai la ligne d’arrivée en 12 h 38 ‘11’’.

Deux verres d’eau au ravito, je me douche rapidement en papotant avec les coureuses rencontrées en route et repars à la rencontre de Thierry. Il a fait une course qu’il faut saluer.
Il arrive à surmonter ses soucis en altitude grâce à une détermination énorme. Il m’a envoyée « paître » après le ravito pour que je puisse continuer la course à mon rythme. Un grand monsieur. Merci Thierry.

Pour en finir, une organisation bien rodée, un parcours superbe qui oscillait selon les différents GPS entre 68 et 72 km. Un grand bravo aux bénévoles parce que des jours pareils il faut de la motivation pour rester la journée au service des coureurs. Ils l'ont tous fait avec gentillesse et disponibilité.

chapeau Caro....enfin...bonnet

dis donc, quelle galère !

Pas de chance, ce mauvais temps, alors que sous le soleil, les paysages auraient pris une toute autre dimension...et votre plaisir sportif de même, dans la foulée!

Quant à la couleur des lacs......


Mais bon, c'est comme ça, on reste humble devant la nature, on fait "avec" ( ou sans.....

comment, toi, une traileuse aguerrie, tu n'as pas le matos adéquat )

Mais je trouve que, malgré le cumul des handicaps tu t'en sors très très bien !
Et tu penses à tes compagnons de galère,
Car si tu n'avais ni gants ni k-way, je constate avec plaisir que tu avais prévu large au niveau des batons....tu en avais deux, et tu as pu en distribuer.....

Récupère bien...pour nous faire un balisage aussi réussi que l'an dernier aux Mélèzes!


et , vraiment !


je n'en reviens pas de tout ce que tu as enchaîné cette année!!!!!!

Quel CR Caroline, magnifique



Autant que ta course, d'ailleurs:youpi2:

C'est vrai que l'on est parti un peu léger, niveau tenue, on a eu
chaud...... on aurai pû être gelé.

Citation :

Il a fait une course qu’il faut saluer.
Il arrive à surmonter ses soucis en altitude grâce à une détermination énorme. Il m’a envoyée « paître » après le ravito pour que je puisse continuer la course à mon rythme. Un grand monsieur. Merci Thierry.

Mais c'est tout à fait normal......

CARO T'ES UNE SUPER WOMAN !!!!



Merci Pour ce CR !!!

ET AUSSI UN GRAND COUP DE CHAPEAU A THIERRY !!!!!

je viens de te lire
ENCORE
t'as vu les resultats
tu as meme gratté I.GUILLOT la championne du monde de course en montagne
pour dimanche ,c'etait pas trop difficile de courir,j'etais pas fatigué,frais comme une rose,mais j'aurais ete incapable de faire beaucoup plus
allez ,repose toi bien,& à la prochaine

Caroline pour ta course et ton CR, J'imagine que ça a du être une belle galère que vous modérez dans vos CR.
Plus je lis ces CR et plus je trouve triste ma plaine de Beauce

Citation :

Un grand bravo aux bénévoles parce que des jours pareils il faut de la motivation pour rester la journée au service des coureurs. Ils l'ont tous fait avec gentillesse et disponibilité.

C'est vrai qu'il ne faut pas oublier les bénévoles, surtout par un temps pareil, j'ai encore à l'image ceux du trail du Luberon frigorifiés au col de Cabrières, dans ces conditions il vaut mieux être coureur.
un grand MERCI à eux tous

Je peux dire qu'une chose un GROS BRAVO! quel courage, il y a dû avoir des abandons aussi. La course a dû paraître longue à certains moments... une course comme celle là, on ne peut en ressortir que plus fort.

caro! attention quand meme a prendre ces precautions..........prevoir c'est gouverner. avec ces conditions dantesques vous avez du courage!encore une leçon d'esprit sportif a donner en exemple! felicitations a thierry! quel mental!

Woohoo ! C'est épique comme aventure, heureusement que tu as du moral, et ca paies!

Bravo pour vos courses !

en voilà une de plus et pas des moindres

à la lecture ,on sent combien çà a été chaud ( si je puis dire ) dans la gestion encore bravo !!!
tu t'es vraiment éclaté cette année !!!!
j'suis encore tout essouflé de votre périple !!!!

c'etait un truc pour toi

Citation :

c'etait un truc pour toi

J'suis pas sur....... il n'y avais plus grand chose aux ravitos

C'est pas mon Cr mais comme on me dit bravo je dis

a vous

Citation :

J'suis pas sur....... il n'y avais plus grand chose aux ravitos

t'inquiètes ...j'me suis mis au tripoux light

çà a quand même l'air d'un truc de ouf ...
un peu trop pour moi

pour thierry,excuse moi encore,au ravitos,fallait se magner le train si tu voulais quelque chose,rester avec caro & pas la laisser seule,gros lacheur
allez à toi aussi
c'etait peut-etre ce que tu voulais !

Citation :

pour thierry,excuse moi encore,au ravitos,fallait se magner le train si tu voulais quelque chose,rester avec caro & pas la laisser seule,gros lacheur

C'est "gros" qui me dérange

à toi Caroline,

comme tu vois j' ai pas été vache et je t' ai laissé le boeuf à la broche...
Ouep désolé, il a fallut que je parte vers 17h30 et je n' ai donc pas pû vous voir arriver.
En tous les cas, Grand coup de chapeau, parceque avec les conditions atmo du matin , j' aurais vraiment pas aimé en être, une grosse galère!!

merci , dommage pour le décor gâché le dimanche matin, mais c'était un super WE avec la pasta party sous la pluie, le digestif "en ville" sous la pluie, le montage des tentes sous la pluie, le déjeuner sous la pluie, la course sous la pluie, même qu'on a pas mangé le boeuf ( abandon de la cuisse rôtie après explosion de deux couteaux et une fourchette) - et comme on s'y plaisait finalement on est resté une nuit de plus...sous la pluie, pliage des tentes sous la pluie, déjeuner et départ sous la pluie.
Nooooooooon , que de supers souvenirs et de franches rigolades, à refaire. C'était génial.

D'ailleurs je proteste solennellement : j'étais ce WE à la Grave ( côté ensoleillé de Briançon), et il a (encore) plu tout le dimanche, et because le tour de France qui bloquait la route, on a fait du dénivellé dans la vieille ville en étudiant les fortifications Vauban.

que ne le disait-tu pas !!!ouf
c'est pas mon genre de parler comme çà

oui,il a plu pour les cerces,apres grand beau
j'ai ete faire le lac d'arsine samedi
puis hier ,a nouveau la pluie,pour faire c...r un peu le tour de france
il fait a nouveau beau,jusqu'a samedi prochain

Citation :

merci , dommage pour le décor gâché le dimanche matin, mais c'était un super WE avec la pasta party sous la pluie, le digestif "en ville" sous la pluie, le montage des tentes sous la pluie, le déjeuner sous la pluie, la course sous la pluie, même qu'on a pas mangé le boeuf ( abandon de la cuisse rôtie après explosion de deux couteaux et une fourchette) - et comme on s'y plaisait finalement on est resté une nuit de plus...sous la pluie, pliage des tentes sous la pluie, déjeuner et départ sous la pluie.
Nooooooooon , que de supers souvenirs et de franches rigolades, à refaire. C'était génial.

Oui, que du bonheur !!!!!

En même temps si :

" Super décor le dimanche matin, avec pasta sous le soleil, le montage des tentes à l'ombre, le digestif sous un ciel étoilé, le déjeuner dans la douceur du matin, la course avec un super temps, on a mangé du boeuf bien tendre, et comme on s'y plaisait on est resté une nuit de plus......"

ca aurai été de suite beaucoup moins drôle

p'.t.n .... sont vraiment fort les organisateurs là haut !!!!!

quand on te le dit !!!

Tout le monde dans le sud se plaint de la chaleur, au moins voila quelqu'un qui dément !!

mdr

Je suis vraiment impressionné, comment tenir aussi longtemps (et être encore en vie le soir)

Moi, aussi, je suis vraiment impressionnée ! Mais comment fais-tu pour enchaîner de telles distances ?!? Que ça doit être plaisant quand même, d'avoir un coeur et un corps qui répondent si bien présent à toutes les folies qu'on leur impose ...
Bravo, c'est fantastique des trucs pareils ! Et merci de les partager !

Choco

Dimanche soir sur sport6, ils ont montré un petit reportage d' environ une minute sur les Cerces...
Pour ceux qui n' y était pas, et les non initiés c' est bien pour se rendre compte un peu de la difficulté, des paysages traversés et pour cette édition... des conditions dantesques rencontrées.
De bien belles images, mais trop court comme d' hab le résumé.


Pour en revenir à l' épreuve;
Lire les différentes émotions exprimées sur les visages à l' arrivée était bien sympa aussi, succession de joies et grandes satisfactions, ou soulagement d' en terminer avec cet enfer.
Le regard vide; perdu pour certains qui ne "sont plus là"... d' autres qui savourent au max ces instants de "victoire" et profitent de l' arrivée pour une communion avec le public,
Enfin le pied total pour ceux qui sur les derniers mètres se font accompagner par leur petit main dans la main.
La palme à 3 concurrents amis qui arrivent ensemble et dont les 5 ou 6 enfants, avaient préparé des super pancartes les félicitant, ils ont tous franchi la ligne tous ensemble ça faisait un bien fou à voir.

Bréf, à Serre Che assister au spectacle des arrivées se succédant sous l' arche, valait bien mieux que d' assister à un défilé du 14 juilllet.




ps: Encore Bravo à Caro et Thierry,
et puis au cas où... Grand Bravo aussi à May et son bodyguard E.T...

A PRO¨POS de may
c'etaitlas la fille peinte en blanc,je l'ai chambré gentiment
je pensait qu'elle voulait eviter les coups de soleil
y avait personne au galibier c't'aprem ?

Non c'était une autre concurrente que j'ai rattrapée au col de la Roche noire et avec qui j'ai plus ou moins terminé la course
Alex et May étaient derrière.

Ali, Choco, on peut tenir encore plus longtemps, on est là juste à la limite entre les trails "moyens" et l'ultra. C'est une question d'entrainement, de rythme et de gestion de son alimentation pendant la course (hors soucis physiques imprévisibles).

Vous verrez les CR de l'UTMB c'est encore autre chose.

Citation :

comment tenir aussi longtemps (et être encore en vie le soir)

ah c'est vrai, on vous a pas dit mais on a enchainé avec le bal le dimanche soir jusqu'à 1h du mat avec Thierry !

& apres ,ca se disait fatifuer !!!
va falloir le durcir pour l'année prochaine
l'excuse est toute prete. cette année c'etait la 10ème edition,l'an prochain ,c(est le 10ème anniversaire
va falloir que j'en parle à Patrick
si j'suis pas mort d'ici là,j'en serais