Et voila mon CR, j'était impatient de l'écrire parce que j'ai pris des décisions importantes par rapport à ma carrière sportive. Je vous rassure, je n'arrête pas la course à pied!
J'était à la recherche d'un marathon en Mai, je voulait faire celui de Sénart le 1er Mai mais vu que ça tombe un Dimanche, je me dis que ça sert à rien d'y participer. Je fait des recherches et deux marathons m'intéressent, celui de Brasov en Roumanie à la fin du mois avec 4 tours de circuit à faire et celui d'Aargau, découvert sur wikipedia. Le terme de "circuit" de la course romaine ne me dis pas grand chose comparé à celui d'Aargau qui passe par plein de villages. C'est décidé, je part vers la Suisse.
Je suis logé à Aarau, une superbe ville avec une église juste à coté de mon logement qui sonne tous les quarts d'heure y compris à 6h du matin.
Dimanche de la course, je me réveille, je m'habille et je file pour chercher mon dossard accompagnée d'un sac, très bien fait d'ailleurs! Il y a aussi un stylo et un poncho en option.
Malheureusement, un gros orage sévit sur la région depuis le samedi après midi, il pleut sans cesse et une bonne parti de la course se fait dans des chemins forestiers. ça pourrait être beau mais les foulées risquent d'être mitigés en raison de la boue.
La course part de l'Hirslanden clinik d'Aarau, sponsor principal de la course, un hôpital qui sponsorise un marathon, assez original! C'est parti! Après 300 mètres de course, ça commence déjà à grimper. Je fait attention de ne pas m'enflammer. Le premier km est fait en 6"11, 200 mètres après, mon pied droit glisse sur une plaque d'égout et je risque de tomber! Finalement, plus de peur que de mal. On entre dans les chemins après 2.3km de course. On voit de suite des chemins humides, boueux. On ne s'enfonce pas mais ça fait "klok klok" quand on cours. Le rendu n'est pas super agréable, on est obligé de zigzaguer. Et dire que le samedi, c'était sec et le rendu était bien... Je passe le km 3 en 19 minutes, pas de quoi s'affoler, il ne reste que 39km, beaucoup de choses peuvent arriver.
Je passe au km 5 en 32 minutes, je me sens bien du point de vu cardio. Malheureusement, 2km après, je sens une gène en bas du triceps sural. J'ai des doutes par rapport au fait que je finisse mais je me concentre. Je passe le km 10 en 1h06, pas de quoi s'affoler mais la douleur s'intensifie avec le triceps sural droit. On traverse la ville de wildegg et on entend les premiers sons de cloche à vache, assez agréable à entendre. Au 12ème km, un long faux plat montant se présente, long de 3km, je souffre, j'ai l'impression d'être handicapé. Je passe le km 15 en 1h42 soit 5km en 36 minutes, pas catastrophique mais le mental prend un léger coup. On traverse la ville de brunegg où je ne fait que de me faire rattraper par des relayeurs qui sont partis plusieurs minutes après nous. Cependant, je ne suis pas le seul à souffrir. Je dépasse un coureur qui explose totalement. Je passe le semi en 2h30, il me reste 3h30 pour terminer la course. Si mes calculs sont exact, si je marche jusqu'à l'arrivée, ça me fait...3h30 de marche! ça semble être limite d'autant + qu'il reste encore des difficultés. Sachant qu'en +, j'ai ressenti une crampe au 18ème km, il faut savoir que le seul ravito, c'est de l'iso et je trouve le gout bien fade! Je cours, je marche, je souffre de + en +, je commence à avoir des douleurs aux genoux, je passe le 25ème en 3h04 soit 4km en 34 minutes, ça fait mal! Selon mes calculs, il reste 17km, en marchant, je peut les faire en 2h50, ça veut dire que je terminerai en 5h54, c'est limite, très limite. De +, on a le droit à une cote d'un km et demi, ça monte, ça monte... Je marche, je cours mais je souffre surtout. Au km 27, je suis en 3h24, si je fait le reste en marchant, ça me fait 15km en 10 minutes soit 5h54. Je pourrai le faire mais d'un point de vue physique, mes genoux brulent, mon triceps sural droit brule, je peut encore courir de temps en temps mais pour combien de temps? Et sachant que chaque finisher reçoit un t-shirt de la course, est ce que ça vaut la peine de continuer, de se blesser? Lors de la traversée de Birmenstdord, c'est décidé, j'ai envie d'abandonner. Je marche, je me fait doublé mais je m'en moque. L'abandon me pendais au nez à Eindhoven et Olympie mais j'avais terminé. Là, c'est bien différent, bien plus dur... De nombreuses cotes, une météo mauvaise, des chemins cassants... J'essaye de trouver un bénévole jeune, je pense qu'il y a de fortes chances qu'il puisse parler en anglais. Je marche, je vois un vieil homme, une vieille femme, je trouve rien... Soudain, une femme me dépasse, elle court le marathon comme moi, elle me fait une tape sur le dos.
Ce moment là, il m'a fait chaud au cœur, m'a donné un énorme boost, je me disais que je terminerais avec elle, qu'on pouvait le faire tous les deux, je marche du mieux que je peut, elle aussi. Arriver à sa hauteur, je lui renvoie l'ascenseur, elle me sourit. Rien que de parler de ce moment, j'en ai les larmes aux yeux. C'est incroyable l'énergie que ça provoque. Je ne me souviens plus du nom de cette femme mais c'est le moment qui m'a donné le plus d'émotion depuis longtemps. Quelque soit notre niveau, quelque soit notre état mental, la solidarité est important dans notre sport. Je me sens beaucoup mieux, je la dépasse dans une descente et je me trouve devant une montée. Là, je me dit, c'est bon, c'est sur, j'arrête! Après deux à trois minutes d'un fol espoir, mon envie d'arrêter reprend le dessus. Dans un virage en épingle, je trouve un jeune bénévole, il m'informe qu'un point de ravitaillement est à 150 mètres en contre bas avec une équipe médicale.
Arrivé au ravitaillement, je fait le signe du temps mort, après quelques minutes, le corps médical s'occupe de moi. Une des bénévoles du ravitaillement parle français, quel chance! Je lui dit que j'ai décidé d'abandonner car j'avais des douleurs aux jambes et que mon mental était atteint. Je lui ai dit que si je continuais la course, il y a de fortes chances que je me blesse ou que je termine hors délai. Une personne du service médical me donne un verre de coca alors que deux marathoniens passent, ils termineront hors délai plus tard... Le service médical me donne une couverture en laine, il pleut encore alors il fait froid. J'ai tellement froid que je ne ressent pas les douleurs lorsqu'on m'osculte.
Une voiture de la course m'amène à Brugg où se trouve mon sac. J'apprend sur place que les marathoniens n'ont pas de médaille de finisher, seul ceux qui sont sur le podium l'ont...
Je vais en direction de la gare de brugg tant bien que mal et je file en direction d'aarau.
Je pense que mon abandon était fatal, que mon manque d'entrainement en est la cause mais surtout, qu'actuellement, je peut finir un marathon mais d'extrême justesse. Et le terme d"'extreme justesse" en marathon ne suffit pas. Les 10km et les semi marathons sont selon moi des courses où on se bat contre d'autres coureurs, où on peut subir des légère défaillances. En revanche, je pense que le marathon est un combat contre soi même, contre les kms et pour cela, il faut être de + en + costaud sur les épreuves ayant moins de kilométrage.
Je ne sais quand aura lieu mon prochain marathon mais surement pas cette année, ni même l'année prochaine. Pour revenir sur marathon, j'ai décidé deux choses, d'une part, passer sous 1h55 sur semi-marathon et à trois reprises et de l'autre effectuer 30km en 3h-3h30. Je sais que ce sont des chronos qui semblent impossible pour moi à l'heure actuelle. Mais pour le marathon, il faut mettre la barre haut parce que l'épreuve nous réserve souvent des mauvaises surprises, quelque soit notre temps.
C'est en progressant sur 10km, semi et autres distances inférieur au 42km que je pourrait terminé un marathon d'extrême justesse. ça tombe bien parce que mon prochain marathon, celui de Furth en Bavière, propose aussi un semi et un 10km le même jour! Je pense qu'il est fort probable que je m'engage sur semi. De toute façon, c'est clair, je ne suis pas prêt de revenir sur marathon, je ne fait pas ça pour me punir mais je ne me sens pas assez mur par rapport à cette distance (et je pense que vous le comprenez). D'ici là, repos! A noter que j'ai failli me déchiré le triceps sural en marchant hier, un peu de vaseline m'a fait le + grand bien!
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Sujet: Marathon d'Aargau 01/05/2016 
