Retour sur la disparition de Benoit Lagrée en Martinique fin novembre 2013. Il devait prendre le départ de la Transmartinique. Parti randonner quelques jours avant, il voulait faire un entrainement sur un parcours accidenté, fermé à la rando, mais Benoit n'est pas revenu.
YaNoo a souhaité laisser la parole à sa famille.
L'audience du tribunal pour "confirmer" le décès de Benoit s'est déroulée le 10 avril à Fort de France. Le procureur a donné son avis favorable pour "valider" le décès.
Si le tribunal va dans le sens de l'avis du procureur, tout sera officialisé le 2 mai 2014. Une page pourra enfin être tournée pour sa famille, ses collègues, tous ses soutiens.
Quelques mots avec la famille de Benoit :
Les recherches se sont terminées fin février à cause d'une décision de gendarmerie : ils pouvaient encore continuer d'après vous ?
La décision d’arrêter les recherches a été prise par le juge d’instruction, pas par la gendarmerie, après l’échec des chiens questeurs du Lot, en considérant que tout ce qu’il était possible de faire avait été fait : gendarmes, pompiers, chasseurs alpins, hélicoptères avec caméra thermique, canyoneurs, équipe de randonneurs aguerris spécialistes de terrains difficiles, chien questeur de Floride et j’en oublie peut être. A mon sens rien d’autre ne pouvait être fait puisque l’essai d’un drone n’avait rien donné et qu’on se trouvait dans une zone de forêt tropicale qui est une véritable jungle avec trois zones de végétation superposées.
Tout a été vu, et revu par les chercheurs ? tout a vraiment été exploré ?
On ne peut jamais répondre positivement à cette question sur un territoire de plusieurs km2 mais, si d’autres pistes étaient explorables, elles auraient été indiquées par les randonneurs martiniquais qui se sont beaucoup investis dans cette recherche et se sont donné sans compter.
Pourquoi avoir financer des recherches privées ? La préfecture ne voulait pas ou ne pouvait pas faire mieux ?
Le financement de recherches privées avait deux buts : A/ faire tout ce qu’il était humainement possible de faire après l’arrêt des recherches publiques ; B/ relancer la recherche publique. Ces deux buts ont été atteints.
Quel est le coût de ces recherches ?
Je ne connais pas le coût public qui doit être élevé. Le coût des recherches privées (environ 120 000 €) a été entièrement couvert par les dons faits au comité de soutien. C’est aussi l’ampleur de ces dons qui nous a poussés à faire le maximum. Avec nos moyens personnels nous n’aurions rien pu faire.
Zéro indice lors de ses recherches ? Rien pour faire avancer les recherches ?
Nous ne sommes pas le juge d’instruction mais il est sûr qu’il y a eu des appels téléphoniques qui n’ont pas abouti et la découverte de la caméra. Cela n’a pas suffi.
La GO PRO avait été retrouvée, cela n'a pas aidé les recherches ?
Cela a rétréci le champ d’investigations qui restait cependant très large.
Les recherches ont été terminées, dans ces moments, dans quel état d'esprit étiez-vous ?
Très tristes évidemment mais sans colère car nous avons fait tout ce que nous pouvions pour le retrouver et que la mobilisation en France et en Martinique pour rechercher Benoit a été exceptionnelle, cela nous a beaucoup touchés et réconfortés.
Vous souhaitiez maintenant faire le deuil, et avoir un certificat de décès. Il semble que ce soit compliqué ? quels sont les freins pour avoir ce certificat ?
Oui il est temps désormais de faire le deuil, d’autant plus difficile qu’il n’y a pas de trace du décès autre que l’absence, et de passer à autre chose : offrir à ses enfants une vraie enfance avec ses joies et ses découvertes, vivre le présent avec les amis et ne pas toujours ressasser son impuissance, vivre tout simplement.
La vice procureur chargée des affaires familiales ainsi que le juge d’instruction de Fort de France ont été très efficaces et aidants. L’audience pour le jugement judicaire de décès a été fixée hier le 10 avril, beaucoup plus tôt que prévu et il n’y a aucune raison de penser que l’issue n’en sera pas favorable. Le jugement a été rendue et normalement le 2 mai, le décès de Benoit sera "déclaré".
De ce point de vue nous avons eu beaucoup de chance et il est sûr que le battage médiatique autour de Benoit a fait que tout un chacun s’est senti concerné comme s’il s’agissait d’une affaire personnelle. (à cette heure, nous attendons la réponse du vice-procureur).
Un dernier message à faire passer ?
Trailers soyez prudents ! Ne partez pas seuls. Munissez vous de moyens de signaler votre détresse plus puissants qu’un sifflet ; faites comme les voileux qui ont perfectionné leurs systèmes d’alerte et de protection, suite à des accidents.
La collectivité des trailers s’est manifestée à cette occasion être comme une grande famille qui nous a toujours efficacement et affectueusement entourés.
Nous ne les oublierons pas.