pour geoff, je pense que c'était le gars qui t"accompagnait

Grand Trail du Nord 2012

Samedi 6 octobre 2012, sur la plage de Leffrinckoucke, une drôle de troupe s'élance sur le sable en direction de Malo et des dunes. J'en fait partie.

Près de 70 coureurs ont devant eux 150 km à parcourir à travers le nord du Nord jusqu'à Wambrechies, à l'orée de la métropole lilloise.

Ce "Ch'ti Défi" marque pour moi la fin d'un cycle, débuté il y a une année à Berlin. Le transport jusqu'au départ se fait en bus, genre colonie de vacances, "levez votre doigt lorsque je dis votre nom" et comptage entre les rangs...Il pleut dru.

12:00, Départ.Les dunes sont vite avalées, trop vite peut être et la traversée des moeres m'emmene vers de longues lignes droites à travers champs.

Il a arrêté de pleuvoir en toute fin de matinée, le sol est gorgé d'eau. Nous suivons le front nuageux, la pluie nocturne est avantageusement remplacée par de belles averses diurnes.

Je suis dans un groupe qui imprime un joli rythme durant une bonne heure mais je lache, les jambes déjà lourdes. 30 km et je craque. Je suis à Warhem, je vais à l'épicerie du bled pour acheter une bouteille d'eau gazeuse, la commerçante n'ose pas trop regarder cet hurluberlu que je suis.

Je me remet en route et j'arrive à Bergues. Je peux me poser au ravito. Je change de chaussettes. Cette action sera récurrente. Je m'alimente mais mon ventre est trop tendu pour que je puisse envisager du chaud. Au prochain arrêt, les potes seront là...

C'est reparti, j'avance avec la journée dans la campagne, seul avec un rythme composé de 10 minutes de course et de 2 minutes de marche. Les routes succèdent aux chemins, le terrain est dur pour les tendons.Parfois, plongée dans les champs, la boue colle aux semelles.

Worhmout, Ludo et François sont présents et leur seule vue me remonte le moral. Salle de sport, musique 90's...Je passe en mode nuit - longues manches et collant intégral -pendant que les gars préparent mon "repas": pâtes hyperproteinées que j'ingére sans trop de difficultés.

Coup de téléphone à la famille, la fin de journée est marquée par la traversée d'un gros ruisseau, eau boueuse à souhait jusqu'au genoux. Les garçons se marrent, le soleil se couche, Cassel se profile.

Je rattrape un gars avec lequel je ferais la route une bonne cinquantaine de kilomètre. Nous discutons courses dans le noir qui s'installe et attaquons les montées et descentes autour de Cassel avant de bifurquer vers Terdeghem. Un autre gars, qui avait perdu la trace, se greffe à notre binome.

Nouveau ravito, chaussettes propres et sèches mais aussi soupe. Je suis à mi course !

Nous repartons vers la "Cordillère des Flandres": le mont des Cats se fait désirer, son immense antenne de télécommunication clignote et semble nous narguer. Nous passons par Godewaersvelde. Le point de contrôle est mal indiqué mais nous le trouvons et je prends le temps de grignoter quelques fruits secs avant de monter vers l'abbaye. Un loupé dans le balisage nous envoie sur la route qui méne au "sommet", nous redescendons dans la forêt et entamons après Boeschepe une longue virée le long de la frontière franco - belge. C'est long et finalement la montée boueuse du mont Noir nous indique que nous nous rapprochons de Bailleul. Il est près de 3h du mat....Les frontales animent la nuit

Nous allongeons le pas vers le point de contrôle de Bailleul: Ludo m'y attend. Ambiance surréaliste d'un petit matin, avec des coureurs exténués, aux pieds malmenés...Pates chaudes, il faut recharger les batteries ! Je vide mon sac, je connais désormais le parcours.

Geoffroy ne repartira pas, son genou est trop douloureux. je repars seul et m'enfonce vers la Belgique, il reste 40 bornes. Durant deux bonnes heures, je vais lutter contre le sommeil qui voudrait faire de moi son esclave, je me pince, tente de garder le rythme mais cela est trop exigeant pour mes cuisses.

Je rejoins deux coureurs dans la fraîcheur du petit matin, il est 7 h quand nous arrivons au CP 7. Café !

Le jours est là et l'horloge chrono-biologique est efficace: plus d'envie de dormir même si la fatigue est bien présente. Nous avançons régulièrement vers Warneton; je me remets à trottiner durant 45 minutes, il faut avancer. L'arrivée le long de la Lys me scie les jambes, je sors les bâtons. Les cyclistes dominicaux nous sonnent, les promeneurs regardent avec une certaine suspicion ces gens tous crottés que nous sommes.

Dernier point de contrôle, il reste 9 km sur le chemin de halage. Le groupe s'étire, chacun ayant envie d'en terminer. Je trottine, je souffle, j'avance, je passe Quesnoy sur Deule. Les virages succèdent aux virages, la Deule s'étire...mais pourtant à l'amorce du dernier kilomètre, mes jambes se dérouillent, mon torse se gonfle, j'accélére...Le cahteau de Wambrechies s'ouvre, les enfants sont là...Enfin....

24H47, temps de course. pour le kilométrage, cela se discute; nous dirons pas loin de 150.

Je salue et remercie toutes les personnes que j'ai croisé durant ce périples mais aussi tous ceux qui m'ont soutenu durant toutes ces heures !!

En effet, c'est bien lui: BRAVO!
Il fait parti des Chtis trailers je crois???