Bonjour,
Voilà 4 jours que mon rdv avec le géant de Provence s'est déroulé lors du 10ieme anniversaire du trail du Ventoux, un dimanche ensoleillé mais frais le matin. L'occasion de faire le point sur cet évènement mais aussi ce qui a précédé et pourquoi pas ce qu'il en adviendra après.
Avant ce rdv, il s'est passé quelques mois pendant lesquels, psychologiquement et physiologiquement, je me suis préparé. Je ne suis pas un montagnard et encore moins un spécialiste des courses en montagne. J'ai donc reconnu le parcours en décembre dernier
cf. cr de reconnaissance du parcours et me suis inscrit à 2 trails en 2012, un en janvier 21,5kms de mormoiron (700 m de déniv) et un en février 25kms à fontaine de Vaucluse (environ 800m de déniv).
Je ne vais pas écrire un roman, donc l'essentiel sur la préparation m'amène à dire que je préfère les courses pleine nature en général et les trails en particulier pour le rapport à la nature qui me rappelle mes sorties en solitaire sur mon île natale: la Guadeloupe, et paradoxalement pour le côté fraternité, entre aide lors de ces courses, bien loin du côté speed et vitesse des courses sur route.
Revenons donc au jour de la course, passage à l'heure d'été, je dois me réveiller plus tôt : 5h00, Avignon étant à 40min de Bédoin. Je revérifie mes affaires et au dernier moment je décide de mettre mon ensemble running pour l'hiver et de conserver une tenue plus estivale au cas. J'avale un petit déjeuner et go pour la course.
Dehors, temps frais et sur Bédoin la température est de 5°C.
Je rencontre un ami qui me fait rencontrer un ami qui me fait rencontrer d'autres amis et finalement nous avons tous nos dossards et nous dirigeons vers la ligne de départ.
Go, départ, enfin on marche, trop de monde car départ commun du 26 et du 46 kms. Bon un moment donné je me mets avec mon complice du jour, Akli, qui envoie modérément, on remonte pas mal de monde et vers le km3 ça monte, puis premier embouteillage, premier car il va en avoir 2 ou 3 autres jusqu'au km 13. Le parcours est magnifique, j'ai chaud donc je me mets en tee shirt, ça monte, on est au km7 et ça fait 1h que l'on court et CRIIIIIIII! Coup de frein car gros bouchon, on passe au bord d'une corniche et on se retrouve au pied d'un mur de pierre à pratiquement gravir à 4 pattes, pour 100m d'altitude de pris en 300m de course, et je vois les premiers dégâts, même moi je suis saisi et les cuisses piquent!!!
Petit passage technique avec du calcaire et des trous qu'il faut éviter, patatras mon pied gauche rentre dans l'un deux et la cheville craque, la douleur est intense, mais pas insupportable au point d'arrêter.
On arrive donc au km10, ça fait 1h30 qu'on court il reste 5kms de course jusqu'au ravitaillement et la séparation des parcours, et nous allons gagner 500m de plus, sans doute la partie qui fera la différence parmi tout le peloton, et moi je n'arrive plus à mettre un pied devant l'autre, je marche, je cours, et finalement je pense que les progrès à faire sur ce genre de course est de pouvoir faire les bons choix dans ces moments-là. Je mange, je bois un peu (je bois tous les 1/4 d'heure). Je me fais rattraper par des gens qui ont à mon avis jamais varié dans les allures sur un petit train alors que moi j'ai dû faire quelque chose qui m'a grillé. Je prends sur moi pour arriver au ravito, mon ami Akli, plus rompu que moi aux trails est déjà reparti, je reste au moins 15min à boire et à me gaver de sucre, je fais une pause pipi, je m'étire un peu les jambes et je repars en marchant. Je marche 1km sachant que normalement ça va descendre... La première partie de descente est constituée de roches, galets, on dirait des vagues en pleine mer, mais mer de pierre, donc impossible de vraiment accélérer surtout que l'acide lactique inonde mes jambes.
Dès que je vois la partie descendante, je décide d'attaquer, il reste 11kms, je commence à retrouver des forces, je rejoindrai pas mal de monde, par contre les pentes sont raides et ça tire au niveau des genoux et des ischios, mais étant un bon descendeur, je profite de mon poids et sans retenir mes jambes je me laisse aller, j'ai de bons appuis et je passe tout ce qui me précède avec une facilité qui me donne des ailes, nous sommes au km19, j'accélère à nouveau sur 3kms.
Il reste 4 ou 5 kms et là je tombe sur un parcours qui plonge dans des sous-bois avec des bosses, une véritable succession de montagnes russes, où je rejoins une concurrente avec qui on passe des relais à tour de rôle, un moment elle s'échappe, je la rejoins avec un autre concurrent et je place une mine pour éclaircir tout cela, je rejoindrai un concurrent à qui je ne donne aucune chance de me suivre, car je place encore une mine, je veux en finir et pourquoi pas rejoindre mon pote Akli. Point de Akli, mais du monde qui encourage et ça me donne des ailes, je relance, il parait qu'on est à 500m de la ligne donc je donne tout pour franchir la ligne d'arrivée en 3h48 temps officiel et mon garmin affiche 3h40.
Un peu après mon arrivée, à ma grande stupéfaction, j'entends le speaker annoncer l'imminente arrivée du premier du grand parcours, Andy Simmonds, qui franchira la ligne 11 min après moi, énorme sourire et grosse banane, qui dit qu'il a passé un bon moment, pas l'air fatigué... Bravo aux champions. Bravo à tous les coureurs et respect immense pour cette montagne.