Si 2010 a débuté depuis de nombreuses semaines et que le calendrier des courses à pied a pris un bon rythme de croisière, je suis toujours à la traîne !
Mon souci de douleur à la hanche gauche m'a éloigné à contre-coeur des mes premiers entraînements de CAP. Le médecin ne m'ayant pas interdit de prendre mes bâtons pour un brin de marche nordique... j'ai tenté la gourmandise : une première participation pour la série des courses de Nordique Walking en 2010.
Au programme de ce week-end : les 10,4 km des Traînes-Savates, à Cheseaux-sur-Lausanne, en Suisse.
C'est à peine à 45 minutes de route de chez moi, donc tout à fait possible. Je m'inscris à la dernière minute sur internet et je propose à une copine de m'accompagner. Elle préfère habituellement marcher sans bâtons (Walking) mais se sent l'âme d'aventurière et s'inscrit dans la même catégorie que moi. Comme s'est sa première course, elle flippe grave ! L'avantage des course de marche nordique c'est que la performance n'est jamais le but premier. D'ailleurs, il n'y a jamais de classement de temps. C'est un brin frustrant quand on aime se battre avec le chrono (oups... je me trahie !).
Ma copine et moi arrivons un peu trop tardivement sur le lieu de la manifestation. On cherche rapidement à récupérer nos dossards et on attend notre place au pipi-room. C'est toujours la même chose : une file interminable !
J'ai à peine le temps de pratiquer quelques étirements, d'allumer mon i-pod et de vérifier que mes dragonnes sont bien serrées (lanières qui retiennent les bâtons à mes mains)... PAN... le coup est parti. On maaaaarrrrrche !
Enfin quand je dis qu'on marche, il y en a qui font de tellement grandes enjambées qu'ils s'échappent très vite. Nous sommes tout de même 152 Nordic Walkeurs + 55 Walkeurs. Cela fait un nombre impressionnant de pattes et de bâtons ! pas question de se mêler les pinceaux. Comme à chaque départ, je ne pousse pas sur mes bâtons mais je les tiens surélevés. En effet, il n'y a pas pire que d'avoir un participant qui marche sur les pointes et m'arrache un embout.
J'avais pourtant l'intention de ne pas forcer.... de ne pas me faire emporter par le vent du départ mais... c'est plus fort que moi ! J'aime me dégager assez rapidement de la masse. J'ai besoin d'avoir de la place, de l'espace. En même temps, je constate que les premiers ont une cadence très rapide et un mouvement très précis. Deux participants s'envolent avec une marche athlétique (déhanchement), il est impossible de rivaliser, ce sont 2 techniques différentes.
Au 2ème kilomètre, je commence à me sentir dans la course. Mon souffle est plus régulier, mes jambes sont chaudes et je peux relâcher le stress du début pour trouver un équilibre. Il y a 10,4 km en tout et ma dernière course remonte à plus de 3 mois. Je sais aussi que mes entraînements étaient bien trop light pour me frotter aux premiers. Si je me permets un rêve, ce serait de terminer dans les 20 premiers.
Au 3ème kilomètre, nous quittons les routes goudronnées pour des chemins mi-gravier mi-cailloux sous les arbres. Je n'aime pas... même si le décor est sympa, c'est plus difficile de marcher vite sur un terrain instable. J'enlève les embouts caoutchouc de mes pointes de bâtons pour mieux adhérer au sol. Aie aie aie... c'est plus souple que le goudron mais il y a tant de cailloux que les pointes peinent à s'enfoncer. Une mauvaise adhérence équivaut à une fatigue supplémentaire puisque je ne peux pas relancer à chaque pas.
Au 6ème kilomètre, c'est carrément un passage dans la boue avant de grimper sec. Non de non, voilà juste ce qu'il ne faut pas. Je ne suis pas bonne en montée, cela me vaudra de me faire dépasser par quelques concurrents. Pire, une fois la montée terminée, je me sens "out", il n'y a plus de jus, pas de relance, je me traîne sur quelques mètres. Ouf... je me concentre, je rythme mes pas et c'est reparti. Je rattrape d'ailleurs ceux qui venaient de me dépasser.
Devant moi, un couple de géants. Bien que je sois une grande fille (175 cm), je suis scotchée par la longueur de jambes de la dame qui est devant moi !!! Elle doit bien mesurer 190 cm et elle avale les mètres comme j'avalerai un lapin de Pâques en chocolat s'il croisait ma route. Pffffffff pas facile, pas facile. Pourtant, il me restait assez de force pour tenir, m'approcher en douceur et finalement dépasser ce couple que je n'ai plus revu. A partir de là, il fallait juste tenir jusqu'à l'arrivée.
Au 8ème kilomètre, je me suis placée derrière un marcheur, très près, dans l'ombre de ses pas, presque en aspiration ! Ne plus penser, ne plus lever la tête pour chercher la fin de la course, juste suivre ses pas, poser mon regard sur ses mollets et marcher, marcher, marcher.
Cette étrange sensation de se battre avec le corps et l'esprit, cet état qui ne ressemble à rien, ce goût du défi au parfum d'endurance, voilà ce que je viens chercher dans une course de Nordic Walking.
Comme expliqué plus haut, ce type de course a une vocation de plaisir et non pas de compétition. Seuls les têtes de courses se battent avec le chrono, d'ailleurs... au fil des courses, ce sont les mêmes visages que je croise ! Et ce samedi-là, une fois encore, je voulais m'offrir ma dose de sensations !
Les 2 derniers kilomètres étaient lourds, il y avait un fort vent de face et plus aucun arbre pour nous abriter. Soudain, le public était là. C'est fou comme cela donne des ailes ! Mes baskets et mes bâtons ont tout donné et j'ai eu l'immense plaisir de franchir la ligne d'arrivée en 1'18'57, réalisant un très bon temps puisque je suis arrivée en 10ème position sur 152 participants (3ème position femme)
Vitesse moyenne : 7,5 km/h
Vitesse maximum : 10,7 km/h
Fréquence cardiaque moyenne : 169 bpm
Fréquence cardiaque maximum : 178 bpm