[Le tripoutrail 2005] CR d'Erik

Le Tripoutrail (Severac l'église) 45km 1650m le 16 Juillet 2005

Voici le compte rendu de mon trail ce week-end, je vous souhaite une bonne lecture


5h00….Le réveil est un peu matinal aujourd’hui, mais Séverac l’église se trouve à environ 200 bornes de chez moi et le départ est prévu à 9h30 donc…faut pas traîner. Après une p’tite douche, je passe à table pour ingurgiter 2 tranches de jambon, du fromage, un yaourt , une banane, le tout accompagné d’un bon litre d’eau (pas évident de bon matin, mais vu qu’à midi, je serais loin de faire un bon gueuleton donc faut faire des provisions). Bon, derniers préparatifs (strapping aux chevilles, préparation d’une bouteille d’1 litre et de ma gourde avec un sachet dans chaque de Sporténine). Je suis prêt !!


6h15….C’est le départ, je monte dans la voiture direction Séverac.

8h25….Me voici arrivé, une fois la voiture au parking du village, je me dirige vers la place où sera donné le départ pour retirer mon dossard puis je reviens tranquillement à la voiture. Ce petit village montagnard à l’air bien paisible. Il me reste pas mal de temps avant le départ, j’en profite pour terminer ma bouteille commencée lors du trajet, j’épingle mon dossard sans me piquer (pour une fois !!!), je me masse les pieds avec la vaseline, je passe un coup de fil à la petite famille et je range le portable dans la ceinture porte-gourde (je vais tester le portable en compétition !!). Voilà, je pense n’avoir rien oublié, je peux à présent aller prendre place au départ……il est 9h10.

9h15….On nous annonce que le record de participations vient d’être battu pour cette 4éme édition, on est 254 inscrits sur l’ensemble des courses aujourd’hui. Il y a au programme le 6km enfant, le 20 km randonnée, le 20 km course, le 45 km en relais, le 45 km et la course en « joëlettes ». Ces dernières sont des moyens de transport pour personnes à mobilité réduite (voir photos ci-dessous) accompagnées par des porteurs. L’organisateur annonce un peu de retard pour le départ car il manque quelques porteurs.



9h45….Sur invitation de l’organisation, l’ensemble des coureurs se positionne de manière à former une haie d’honneur pour le départ des 4 joëlettes. Au coup de starter, c’est dans un tonnerre d’applaudissement que s’élancent les joëlettes et leurs porteurs. Emouvant de voir la fierté de ces personnes handicapées prendre le départ de la course (grand coup de chapeau à l’organisation, fallait y penser !!). Il nous faut maintenant patienter une dizaine de minutes, le temps aux joëlettes de prendre de l’avance. J’en profite pour aller soulager ma vessie, les quelques mètres que je fait en trottinant laissent déjà apparaître une auréole de transpiration sur mon débardeur, il fait chaud (on nous annonce 37° ) et je m’aperçois que j’ai oublié de prendre mon poignet-éponge pour m’essuyer le visage, tant pis on fera sans !!

9h55….C’est parti, a l’assaut des 45 km. J’avais prévu de faire ce trail en appliquant la méthode « cyrano » (1mn de marche pour 14mn de course) en préparation des 100 km de Millau, malheureusement je me rends vite compte que ce ne sera pas possible (disons que j’avais déjà des doutes au vu du profil)



En effet, ça ne fait pas 10mn que l’on court lorsqu’on emprunte un petit chemin dans un sous bois et ça monte sec, même si je trottine un peu au début, je suis vite contraint de marcher (comme les autres d’ailleurs), c’est trop raide et surtout trop long, c’est ici que l’on rattrape les joëlettes, les porteurs sont déjà a la peine dans cette ascension, pas évident de les doubler sur ce petit chemin, j’y parviens tout de même, au passage je leur souhaite bon courage (comme tous les autres certainement) et je continue en me disant que j’aimerais pas être à leur place.

Après cette terrible montée, un petit moment de répit a travers les bois à l’ombre (j’aurais su que c’était le seul, j’en aurais profité davantage). Ensuite on coupe un champ, vous savez ces champs en montagne avec quelques vaches d’une dénivelée impressionnante (la dénivelée du champ, pas des vaches !!!) Donc là c’est re-marche pour le traverser. Comme j’ai pu voir qu’il y avait pas mal de ravitos, je décide de m’arrêter à chacun et de marcher quand ce sera nécessaire et de ce fait je laisse définitivement tomber la méthode « cyrano ».

Je m’arrose beaucoup et je bois suffisamment, j’en profite, il y a pratiquement un ravitaillement tous les 3 km et c’est tant mieux parce qu’il fait extrêmement chaud. Après la traversée d’un autre champ aussi abrupt que le premier, c’est la descente vers le village et la fin du calvaire pour ceux qui ont choisis le 20km. La descente est aussi longue que la montée, ça fait rudement chauffer les cuisses, je suis pas un spécialiste des descentes mais j’y arrive tant bien que mal. Je passe la ligne d’arrivée du 20 km en 2h02, mais pour moi c’est pas fini !! Vu que c’est presque midi, je m’arrête pour manger un peu (il y a un peu plus de choix sur ce ravitaillement) je me mets carrément à l’ombre sous la tente, je prends 2 morceaux de gâteau aux yaourts et un verre de coca. Ensuite je m’arrose copieusement, je mouille la casquette, remplis ma gourde, bois un dernier verre d’eau et c’est repartis, je me suis arrêté 6mn, il est 12h03.

A ce que j’ai pu entendre au ravitaillement, on est loin d’avoir fait le plus dur, ça se confirme au vu du profil, on est tout en bas de la première grosse bosse, on va attaquer maintenant la montée des 2 petites collines (en forme de bonnet d’âne). C’est vrai que de les regarder après coup sur le profil, elles ont pas l’air bien méchantes ces petites pointes !!! détrompez vous, seulement 2km après le ravitaillement, c’est l’ascension de la première mais juste avant un petit ravitaillement avec la table de camping et le petit parasol et deux grands-pères fort sympathiques taquinant le rosé à l’ombre proposant quelques verres d’eau. Le portable sonne à l’instant où je m’arrête, c’est ma fille, elle me demande de mes nouvelles, donc je lui dis que tout va bien mais que j’étais loin d’en avoir finis (sympa l’idée du portable !!) et je raccroche après ses encouragements. Malgré l’invitation des deux grands-pères à boire un verre de rosé, je refuse logiquement et je me contente d’un bon verre d’eau. Quelques échange de plaisanteries avec ces deux bons vivants (voilà de bons bénévoles, simples, naturels, juste le plaisir de rendre service) et j’attaque la montée.

Cette côte est terrible, j’ai du courir juste une cinquantaine de mètres au début et j’ai marché tout le reste. Arc bouté au possible avec les deux mains poussant sur les cuisses à chaque pas, ça grimpe !! J’ai fait environ 20 à 25mn de marche pour arriver au sommet, ici la table de ravitos est tenue par les motards de la région qui eux carburent au…..Ricard !!! Encore quelques secondes de répit, je m’arrose généreusement (cette montée a fait du dégâts) et bois goulûment (de l’eau, bien sûr !!). La descente qui suit fait très mal, je passe les 3 heures de course.

La deuxième pointe est une réplique presque identique à la première , aussi dur en montée qu’en descente, je cours en compagnie de deux autres concurrents, un homme et une femme, j’apprendrais un peu plus tard que c’est la première féminine. J’ai de plus en plus de mal à contrôler mes descentes, mes deux compagnons me faussent la route, j’ai hâte d’arriver en bas.

Je rejoins les deux fuyards au ravitaillement en bas, mais ils repartent aussitôt, moi je m’arrête, faut que je récupère, je prends mon temps, je sais qu’il ne reste plus qu’une seule difficulté (la grosse bosse finale) avant la descente au village. 3 à 4mn d’arrêt me font basculer au delà des 4h de course avant de repartir seul pour la dernière ascension de la journée.

Cette montée est réalisée presque intégralement en marchant (pour pas dépareiller des autres, lol) et je suis content d’arriver au ravitaillement annonçant le sommet. D’autant plus que les bénévoles présent me confirme qu’il ne reste plus qu’une dizaine de kilomètres et malgré un faux plat montant au début, ensuite ça descend légèrement jusqu’à la grande descente finale. A ce moment, arrive au ravitaillement la 2éme féminine, elle y reste moins longtemps que moi, je finis mon morceau de pain d’épice pendant qu’un bénévole me remplis ma gourde et je repars 30 secondes derrière elle. Je me dis qu’il faut que je finisse au moins en même temps qu’elle (si ce n’est devant !), non pas par orgueil mal placé mais parce que j’aime bien me mettre des objectifs en fin de course, quand on sait qu’il ne reste plus grand chose mais qu’on voit jamais les kilomètres défiler. Je la rattrape presque mais comme je la vois marcher 100 mètres devant, j’en fait autant, car ce faux plat montant est bien montant y’a pas de doute. Je me désaltère en passant à côté d’un troupeau de vaches, je ne sais combien de vaches j’ai croisé tout au long du parcours, y’a pas photo on est bel et bien en montagne ici. Dans la dernière ascension, on a pataugé dans la gadoue formée par une petite source, et un rapide coup d’œil sur mes chaussures me fait regretter de ne pas avoir pris de rechange, j’arrive plus a distinguer les baskets des chaussettes.

Je me remets à courir car mon adversaire du jour en a fait autant, du plat, quel bonheur !! je la dépasse et prends de l’avance. Mon portable sonne à nouveau, cette fois c’est Lunéo qui me fait part de ses encouragements, on discute 3 ou 4mn, je marche, je renouvellerais volontiers l’expérience d’embarquer le portable lors de mes compétitions longue distance, ça libère l’esprit, pendant une poignée de minutes on ne pense plus qu’on est tout seul au milieu de nulle part. Il doit me rester environ 5 bornes à faire et je précise à Lunéo que j’en suis à 5h02 de course. Mon adversaire en profite pour me dépasser (arghhhh !!! elle perd rien pour attendre !!). Je remercie Lunéo pour son coup de fil et me mets tout de suite à sa poursuite, je la rattrape dans la traversée d’un champ en devers, juste avant la descente finale.

J’attaque le dernier kilo, c’est la descente au village, elle est terrible, les cuisses me brûlent, les orteils sont en butés au fond des baskets et comme ceux-ci sont gorgés d’eau, j’ai l’impression de courir avec des palmes. Mon adversaire qui descend largement mieux que moi ne mets pas longtemps à me re-dépasser, je sens que pour elle aussi son objectif aujourd’hui est de terminer devant moi, je me laisserais pas faire, je m’accroche au possible derrière, ça fait mal mais c’est bientôt fini !! J’ai eu raison car je la vois coincer à la fin de la descente, j’allonge les foulées pour la rattraper, je la dépasse sans un mot ni même un regard (non mais !!!), on est sur le bitume, il doit rester 300 à 400 mètres pour rejoindre la place du village, je garde le même rythme, je sens mon mollet droit se durcir de plus en plus, faut surtout pas s’arrêter maintenant, mon adversaire à jeté l’éponge et finis en marchant, je rentre seul sur la place sous les applaudissements de la vingtaine de spectateurs et bénévoles présent. Je coupe la ligne d’arrivée en 5h28mn02s, il est 15h23.

En fait je me classe entre les deux premières féminines. Après être passé par la table de ravitaillement, je m’isole sur un banc à l’ombre pour décompresser, je fais dans ma tête le bilan de cette course, premièrement ma crainte aujourd’hui était surtout au niveau alimentaire, le fait de passer plus de 5h sur la course et de ne pouvoir prendre le repas de midi me laissait quelques appréhensions. Finalement cela s’est bien passé, un morceau de gâteau au yaourt ou de pain d’épice le plus souvent possible et deux verres de coca bien répartis sur le parcours auront fait l’affaire. Je tiens aussi à féliciter l’organisation de ce trail pour tous les points d’eau mis en place sur le parcours, ça à certainement limité les dégâts avec cette forte chaleur, pas mal d’autres organisateurs devraient prendre exemple, on revient plus facilement sur une course bien organisée. Deuxièmement, je suis satisfait de ma gestion de course, j’étais venu ici pour préparer avant tout Millau, je prévoyais une moyenne de 8km/h, contrat rempli avec une moyenne légèrement supérieure et un arrêt sur pratiquement l’ensemble des 16 ravitos.

Satisfait, je reprends le chemin du parking pour rejoindre la voiture, il est 16h10 lorsque je quitte Séverac l’église. Le trajet du retour est assez douloureux sur les premiers kilomètres, les crampes sont proches, surtout que je n’ai pu me faire masser car il n’y avait aucun kinés cette année. Ouf j’arrive en vue de la maison, cette journée a été bien remplie, ce soir j’irais faire un tour à la fête pour boire 3 ou 4 bières bien méritées (il paraît que ça aide à récupérer). Je coupe le contact, il est 18h15………

Bravo pour la course mais aussi pour le compte rendu!

La prochaine millau non??????????????

Bravo !!! Tu as bien géré ! En effet chapeau aux personnes à mobilité réduite, ça doit être une aventure !

:thumright: :thumright:

C'est de bonne augure pour millau tout cela :)

Merci les gars :thumright: