Rendez vous pris avec le "monstre" des Ardennes ...
Logistique gérée de main de maitre par Michel, qui ne pourra participer pour cause de blessure mais qui sera du côté des bénévoles pour changer les idées!
En arrivant dans la région la veille, je prenais la mesure de la difficulté qui m'attendais; des collines de 300 à 500 métres très très très raides ....
Départ le samedi à 5H, il fait frais mais on nous promet une belle météo ... top, c'est parti, les 450 coureurs de l'AMT et les 250 de la RLT (55km) partent sous éclairés par les flambeaux.
I/FORET ET DRAGONS:
Je me place dans le 1er quart pour ne pas rester bloqué à la première difficulté qui arrive après à peine 1km; une belle montée où il est impossible de voir quand elle se termine. En mode marche rapide, avec mes bâtons, je suis à l'aise et double pas mal sur cette partie.
Derrière la montée ... la descente; une constante dans ce trail; les montées sont hardos et les descentes tout autant! Le sol est technique et il faut garder les yeux bien ouverts pour ne pas glisser, je suis assez (trop...) crispé mais plutôt efficace et continue de doubler en étant suffisant dans l'effort...
2ème côte, cette fois, c'est beaucoup plus raide ("ils vont nous faire grimper ça!?!"), et il n'est pas rare de mettre les mains au sol pour progresser. Il ne pleut pas, mais entre la rosée du matin et ce qui est tombé sur la région la semaine, les sous bois sont gorgés d'eau et la boue rend les choses plus compliqués. L'arrivée en haut de la côte est magiiiiique; une vue sur une vallée perdue au fond de la brume, je contemple un instant et on s'attend à voir sortir du brouillard des dragons; c'est tout simplement beau!
La descente sera une nouvelle fois très raide et je me dis rapidement que les cuisses vont "morfler" ...
II/ LE FLOW ou LA ZONE ...
Le 1er CP passé après une moyenne de 10km/h, on continue sur un parcours très technique toujours aussi magique avec des petits ruisseaux et de gros rochers recouverts de mousse... J'y suis, pendant une dizaine de Km j'atteins cette "zone" où on se sent invulnérable, en communion parfaite avec la nature qui nous entoure; un grand moment....
Les cuisses, elles, commencent à tirer, mais ça tiens, j'arrive au CP2 toujours sur une moyenne qui m'impressionne de 10km/h après 25km.
III/ VOMIR OR NOT VOMIR?
Il y a 14km à parcourir jusqu'au prochain CP, et 2 très grosses côtes à passer... Est ce que j'ai mal géré/proportionné ma boisson isotonique??? Quoi qu'il en soit, je commence à avoir quelques signaux pas agréable au niveau de l'estomac...c'est de pire en pire et j'ai hâte de rejoindre le CP pour ne prendre que de l'eau claire. Les nausées arrivent par vagues et je dois stopper plusieurs fois mon effort pour me reprendre et ne pas vomir. 1er coup d'arrêt...
IV/ MADAGASCAR
CP3, 39km, je m'assois, bois 1/2 litre d'eau claire et repars, ma moyenne a baissé mais la dernière section était très raide.
Je repars ...elle arrive d'ici 1000m, la fameuse, la démentielle, la côte de Madagascar, à vous de juger; 400m de long pour 200m de D+ ......
La voilà; c'est de la folie!!!! J'ai encore la nausée, mais il faut y aller, il parait que les plus lents mettent 45' pour la monter, non; l'escalader!!!
Pour moi, ce sera 1/4h avec 2 stops la gerbe au fond de la gorge
En haut, bizaremment, je vais mieux, mais la descente qui suis aura finalement ma peau ... ou plutôt mes cuisses! Je bloque trop, je ne suis pas assez souple et les cuisses mangent!!! J'ai l'impression d'avoir 2 bouts de bois à la place des guiboles...
Michel, vu un peu plus loin me re donne le moral même si je sais que ce sera compliqué.
Petit à petit, je vais m'éteindre, j'ai mal, je n'avance plus, les minutes me paraissent des heures et je commence à cogiter...
Impossible de m'imaginer courir encore au moins 5h dans ces conditions. Je marche un moment et me dit qu'avec 3h d'avance sur les barrières horaires, je peux me permettre de finir à cette allure ... sauf que le terrain n'est jamais plat! Ca monte et ça descend sans arrêt et toujours de façon violente et les cuisses même en marche n'en peuvent plus!
IV/THE END
Je vais finir comme je peux en essayant de m'économiser mais sans réussir à refaire partir la machine, je termine au CP4 après 53Km, 2800mD+ et environ 9h de course ...
La rage passée, j'analyse et me dit que la prochaine fois que je m'attaque à un tel dénivelé, il faudra passer par les terrils du nord, seuls reliefs proches et suffisants pour une telle prépa ...
Merci mille fois à Michel pour ce bon moment et pour tous ses conseils
Bravo à l'organisation de ce merveilleux trail à vite découvrir pour vous tous!