je pensais avoir pratiquement tout vu depuis que je cours et bien non
le décor : un enfer de bergues annoncé 26 km
marie charlotte fera le serre-file ( ou serre fille) car après mes 70 km du samedi précédent, la récupération n'est pas la pour viser un chrono,
alors aux 12 coups du carillon de bergues les 400 trailers partent pour 13 ou 26 km à la lampe frontale dont geoff que j'ai revu avec joie
et donc le dernier partant est didier benguigui un non voyant accompagné de sa guide, didier a déjà fait 10 fois le marathon des sables, la CCC en 2007, les 100 km de millau, les 80 km trail paris, donc pas un amateur
j'accompagne didier tout d'abord dans les rues de bergues, puis ensuite direction herbeuse, bois avec tous les ingrédients du trail, premier arrêt une belle descente suivie d'une montée avec corde, nombreux trailers attendent leur tour, devant didier deux sportives dont une dunkerquoise n'ayant qu'un bras et pour ce montée de corde je luis dis que ça va le faire, je vais l'aider ainsi qu'un bénévole
l'aventure se poursuit et didier malgé son guide chute sans cesse, des racines par-ci, des petites briques par là, il se prend des branches au visage et quand je parle de leçon, ce n'est pas celle du courage de didier mais son humilité, à chaque chutes pas un râle, pas un mot de colère, non rien de tout cela, une bonne humeur, il se relève et repars à chaque fois, chapeau bas didier, tu as le respect total
je commente les passages, le long des remparts, tantôt en bas, tantôt en haut, nous marchons depuis près de 5 km lorsqu'une voix me fait coucou michel, c'est le grand geoff qui fait son deuxième tour, il est à peu près dixième du 26 km, les deux premiers aviant une belle avance sur le 3ème, geoff a une belle allure, il va faire un bon chrono
didier prend la décision d'arrêter au premier ravitaillement dans les remparts juste à coté de la salle d'arrivée afin de pouvoir boire une bonne bière avec tous ses amis du marathon des sables venus l'encourager et venu aussi pour isabelle l'organisatrice qui est également une grande habituée de ce MDS, un vrai clan,
soudé
pour moi commence alors ma remontée, seul à continuer afin d'essayer de rattraper d'éventuels trailers, enfin une concurrente m'est annoncée à une vingtaine de minutes, à certains passages des morts-vivants essayent de nous faire peur, déguisés, dans cette nuit cela agrémente la bonne humeur et je comprends mieux les cris que j'entendais au loin, sans doute des concurrents ayant eu peur à leur passage
je suis toujours seul à continuer sur ces passages difficiles pour les pieds par les racines, les orties, deux passages d'eau et de boue à chaque tour, bref un parcours varié et une fin en haut des remparts
un petit brouillard vient me rafraichir aux premières heures de la nuit, les bénévoles sont ravis à chaque fois de me voir car signe de fin pour eux, ils peuvent dérubaliser et arreter d'attendre, j'approche de l'arrivée et rentre enfin dans la salle, il n'y a plus grand monde au vu de mon heure tardive, pas grave, une petite bière avec didier qui découvre la hauteur de mon berguenard (plus de 2 mètres), ma perruque, mon chapeau fleuri, boa, bref les ingrédients de ma tenue locale
un grand merci à ce non voyant qui m'a donné cette belle leçon, et dire que dans notre société nombreux sont les râleurs