Le dernier souffle de la Rouge flamande
Les Foulées de la Rouge flamande, course pédestre, réunissent 1 300 participants. La douzième édition du dimanche 18 novembre pourrait être la dernière.
Les jours des Foulées de la Rouge flamande seraient donc comptés. Pourtant, c'est la deuxième course à pied du secteur. En nombre de participants, l'épreuve berguoise égale celle des Boucles de l'Aa disputées à Gravelines.
Faute d'avoir déniché un successeur, Pierre Masset, cheville ouvrière de l'événement, s'apprête à écrire la dernière page. « Je n'ai plus la force d'assumer une telle charge », évoque-t-il. Atteint de la sclérose en plaque, la « locomotive », comme il se décrit, éprouve des difficultés à se déplacer. « Je cherche les sponsors. Quand j'étais facteur sur Bergues, je les interpellais directement lors de ma tournée ou l'après-midi une fois le travail achevé. Habitant Dunkerque, ces allers-retours sont de plus en plus compliqués. » « Au début, on tâtonne ; et après on s'améliore. Mais j'ai une équipe composée de personnes sérieuses », glisse le président. « Le parcours sera nickel. La remise des prix se déroulera sans fausse note. C'est dommage d'en arriver là ! » Nouvelle moue du président. « Depuis le début, on conserve la même équipe de retraités, des amis de l'ancien club ASPTT Dunkerque, de la famille. Quatre-vingts fidèles pour le ravitaillement, les inscriptions, comme signaleurs... »
Bière, fromage et saucisse de Bergues
au ravito !
Pierre Masset se souvient de la première édition. « C'était un déluge : des seaux d'eau du matin au soir. On n'a pas pu établir de classement pour la simple raison que les dossards indéchirables collaient les uns aux autres. » Les anecdotes se bousculent sur cette course vraiment pas comme les autres.
La Rouge flamande s'est fait remarquer. Au milieu des 6 600 dates du calendrier en France, la manifestation berguoise a intégré le top 100 des plus belles courses de l'Hexagone.
La revue spécialisée « Jogging international » l'a classée parmi les sept courses originales, avançant « son seul mot d'ordre : vous faire plaisir ». « C'est tout a fait ça », renchérit l'organisateur.
« J'aime que les cadors soient là ! Mais les premiers n'ont pas le temps de voir les à-côtés. J'apprécie particulièrement le retour des gens sur cette ambiance. » Pierre Masset cite les deux orchestres chargés de rythmer ces 10 km. Il y a aussi la bière locale, le fromage et la saucisse de Bergues qui font office de... ravitaillement.
Le tracé apporte beaucoup aussi. « Au départ on n'empruntait pas le Groënberg, car passer par les marches me faisait peur pour les coureurs. On se serait privé d'un cadre magnifique ! On traverse le jardin du musée depuis cinq éditions. Surtout, à part Cassel ou Bailleul, peu de distances dans le secteur comprennent des montées. » « Ce serait dommage d'arrêter tout cela », répète Pierre Masset. « Même si c'est mieux de s'arrêter ainsi que faute de participants me disent certains. » L'arrêt de la course gênerait les Restos du coeur et l'AFM, qui bénéficient alternativement de 3 000 euros tirés des bénéfices. « Ça m'ennuierait que la Rouge flamande disparaisse. Il faut juste une petite étincelle pour ne pas perdre cette course tellement entrée dans les moeurs. J'ai toujours espoir que quelqu'un vienne. » Avis aux amateurs, un monument est en péril...