Il était une fois, suite ...
1ère partie :
Dans un pays lointain et merveilleux, il y avait un prince de Lu qui mangeait trop de chocolat.
Il était si rond que si il trébuchait, il se mettait à rouler, rouler, rouler...
Bien entendue, cela ne lui plaisait pas et il se mit aux pas pour ne plus ressembler à une montgolfière.
Heureusement le pays merveilleux détenait un charme (Esprit Trail N° 30 juillet/aout- Hors série N°3 aout) qui permettait en échange de baisers baveux avec un crapaud putride de dégonfler la montgolfière.
Il s'y tint tous les jours, sans écarts ne faire aucuns, il embrassa ce putride animal...
Entre lait de soja, Germe de blé, Levure de bière, tofu, viande blanche, il devint peu à peu l'homme que l'on connait un peu maintenant et qui a toutes ses dents.
Le petit Prince de Lu est devenu à force de conviction, un coureur pas de jupons, de 69 Kg pour 1m74.
Il était satisfait pour faire la grande joute Opalesque de 33 Km qui fut son premier Trail compète.
Bien qu'il fut blessé (Pub algie) le Petit Prince de Lu se jeta dans l'arène à corps perdu comme il savait si bien le faire et termina le 33 Km en 4h43.
2 ème partie :
5 heure du mat, j'ai des frissons, je claque des dents et je monte le son...
Euh, non... Je m'égare un peu là...
J -6 : J'ai mal géré la dernière semaine d'entrainement, je me suis trop entrainé comptant à tord sur ma capacité de récupération...
C'est donc fourbu que je me rends à Marquise pour le départ du Trail Côte d'Opale.
Il pleut, il fait froid, il y a un vent soutenu, je m'abrite sous les bâches du magasin Aigle comme beaucoup l'on fait.
J'ai le temps de glaner des astuces entendues dans les différentes discutions de certains habitués.
J'essaie d'oublier mes adducteurs, mais ils ne sont pas d'accord avec moi et se rappellent à mon bon souvenir.
Une fois sur la digue, voyant tout le monde s'échauffer, j'essaie d'en faire autant, mais sans succès la douleur étant déjà présente, je joue donc l'économie, je devrai le faire jusqu'au bout, maintenant je le sais.
Quitte à être le dernier, je le fais avec honneur en me mettant en dernière position de la longue file de départ, ayant même raté celui-ci de quelques secondes à causes d'un besoin naturel provoqué par la pluie et le froid.
Je part tout doucement pour ces 6 km qui se profilent à l'horizon, j'essaie de tracer les droites les plus régulières malgré les flaques et les concurrents.
Au bout de 5 Km, je sens que les jambes sont enfin chaudes, la douleur est là mais gérable, c'est ce qui me fait peur, me connaissant moi qui me pousse toujours trop loin, toujours trop fort avec les conséquences qu'il y a ensuite.
Effectivement, je ne peux pas m'empêcher de m'accrocher a un coureur qui a une bonne foulée plus rapide que la mienne, puis je décide de faire l'extérieur juste avant la montée du Blanc Nez, histoire de rattraper un peu mon retard et de ne pas être coincé trop longtemps au goulot d'étranglement.
Les jambes répondent bien en accélération, je double donc tout ce que je peux dés le Blanc Nez gravi. Je me suis entrainé sur ce terrain, je le connait donc bien et je survole le mont St Hubert également, je suis à l'aise sur le terrain défoncé qui serpente dans le bois et accélère dès que ça descend, ce que je ne sais pas a ce moment de la course, c'est que je vais payer plus tard ma confiance en moi.
Le reste du parcours jusqu'au point de ravitaillement se fera comme un touriste qui découvre un chemin de randonné, sauf que là il faut courir, je fais extrêmement attention au fléchage pour ne pas me perdre.
Un peu avant le point de ravitaillement, j'arrive a une descente digne de ce nom, je pense a Dawa Sherpa qui disait que lorsqu'il descendait il survolait le sol, qu'il fallait être court et souple en foulée, c'est un peu ce qui m'est arrivé, une foulée très rapides mais avec un cardio très lent, une zen attitude apprise au Karaté qui m'a permis d'être comme sur des roulements à billes en roues libres.
Par contre, ça-y-est, les jambes me font mal dés que ça monte, je tire plus souvent sur mon camel back avec la boisson énergétique, je consomme plus de gels, vivement le ravitaillement. J'arrive a la séparation du 33 et 55 Km, on me dis que le point de ravitaillement n'est plus loin, heureusement.
Au ravitaillement, je fais le plein de raisin sec et abricot sec, un petite vidange vite faite et me voilà reparti.
Le reste du chemin je le fais dans la douleur, les adducteurs me font souffrir énormément, les quadri me font souffrir normalement, mais les deux combinés ne me permettent plus d'avancer vite dés que ça monte. Je passe donc mon temps à doubler les deux mêmes coureuses dés que ça descend et me fait doubler à mon tour dés que ça monte. Je finirai par les avoir quand même avant l'arrivée mais a quelle prix. Je fais ce que je sais faire de mieux, c'est accélérer à fond avant l'arrivée, je sais très bien que je vais le payer dans la seconde qui suivra l'arrivée, mais je ne peux pas m'en empêcher.
Le gars au micro annonce N°1076 en 4h43, félicitation...
Je regarde incrédule la porte jaune, ça y est, je l'ai fais, je me remémore mon parcours depuis les 5 derniers mois et laisse couler une larme.
D'autres arrivent aussi, ceux que je viens de doubler, on se félicite, une poigne de main sincère, le même plaisir partagé, c'est beau et ça me trouble, moi qui ai une piètre opinion de l'espèce Humaine qui se fait toujours remarquer pour des atrocités, je me dis qu'après tout le Trail comme vecteur de rapport humain pourrait peut-être tout changer...